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La justice argentine a demandé à l'Uruguay de conserver dans son état actuel un avion retrouvé sur son territoire, et ayant probablement servi à convoyer des prisonniers dans le cadre de l'Opération Condor de collaboration entre dictatures sud-américaines pour liquider leurs opposants.
Cet appareil, un biréacteur Hawker Siddeley HS-125, se trouve sur l'aéroport international de Melilla, dans la banlieue de Montevideo, selon une demande d'entraide judiciaire internationale signée le 15 juin par le juge fédéral argentin Sebastian Casanello.
Ce magistrat, qui enquête sur plusieurs crimes liés à l'Opération Condor, a demandé aux autorités uruguayennes de prendre "une mesure conservatoire pour préserver l'état actuel de l'avion".
Cet appareil a été découvert en septembre par un Uruguayen de 46 ans, Sebastian Santana, qui effectuait des recherches en vue de tourner un film sur la disparition de cinq militants de gauche argentins et uruguayens arrêtés en 1977 au Paraguay.
Selon des documents d'archives retrouvés au Paraguay en 1992, les cinq prisonniers, dont on ignore toujours ce qu'ils sont devenus, avaient été conduits à Buenos Aires à bord d'un avion de la marine argentine.
M. Santana a dit avoir trouvé l'avion, en mauvais état mais en un seul morceau, grâce à la page Facebook de la marine argentine et à des blogs de passionnés d'aviation. Selon ces informations, le jet était utilisé à des fins personnelles par l'amiral Emilio Massera, un dignitaire de la dictature argentine, entre 1976 et 1978, et avait fini sa carrière comme avion-taxi en Uruguay.
Dans un communiqué, Francesca Lessa, chercheuse de l'Université d'Oxford (Royaume-Uni) et spécialiste de l'Opération Condor, s'est félicitée de la trouvaille.
"L'avion est une trace matérielle des crimes commis et sa localisation en Uruguay peut faire avancer les enquêtes en cours en Argentine qui tentent toujours de déterminer le sort final des victimes", a-t-elle écrit.
L'Opération Condor était un plan coordonné entre les dictatures militaires de l'Argentine, du Chili, de l'Uruguay, du Paraguay et du Brésil dans les années 1970 et 1980 pour éliminer les opposants de gauche à leurs régimes. Les Etats-Unis, au courant de ce plan, ne s'y étaient pas opposés.