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L'inflation et l'économie ralentissent aux Etats-Unis, la Fed aussi

La banque centrale américaine (Fed) devrait annoncer une nouvelle hausse de ses taux mercredi à l'issue de sa première réunion de l'année, mais d'un quart de point de pourcentage seulement, car l'activité économique et l'inflation montrent des signes de ralentissement.

La Fed s'apprête à relever ses taux pour la huitième fois d'affilée depuis le mois de mars. Ceux-ci, qui se trouvaient alors à zéro, sont désormais compris dans une fourchette de 4,25 à 4,50%.

Mais après plusieurs hausses inhabituellement élevées, d'un demi-point de pourcentage, et même de trois-quarts de points, la Fed devrait revenir à une hausse plus habituelle: un quart de point seulement, soit 25 points de base.

Cela est "prudent compte tenu du ralentissement de l'inflation des salaires et des prix et des chiffres faibles de l'activité" économique, relève Steve Englander, économiste pour Standard Chartered et ancien économiste à la Fed.

Les membres du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) sont réunis depuis mardi matin. Leur décision sera annoncée dans un communiqué mercredi à 14H00 (19H00 GMT), et le président de l'institution, Jerome Powell, tiendra une conférence de presse trente minutes plus tard.

- "Leur travail est terminé" -

Un chiffre, publié mardi matin par le département du Travail, a semblé persuader les économistes que l'inflation est désormais durablement sur la bonne voie: le coût moyen d'un salarié, avec une hausse au quatrième trimestre moins forte que celles des trimestres précédents.

Cela "contribuera probablement à convaincre la Fed de ralentir encore le rythme", estime ainsi Lydia Boussour, économiste pour EY Parthenon, dans une note.

"À l'avenir, les conditions du marché du travail devant nettement se détériorer, ce n'est qu'une question de temps avant que la croissance des salaires ne ralentisse de manière plus significative", a-t-elle ajouté.

Ian Shepherdson, chef économiste pour Pantheon, va encore plus loin, et estime même que "la Fed devrait ne plus relever (ses taux). Leur travail est terminé", a-t-il tweeté.

Et d'avertir: "Chaque nouvelle hausse des taux de la Fed à partir d'ici ne fait qu'augmenter le risque d'une récession totalement inutile".

Il juge donc possible que la hausse anticipée pour ce mercredi soit la dernière de ce cycle. Avant une pause.

Car les pleins effets des hausses de taux mettent des mois à se faire sentir sur l'économie.

L'objectif: pousser les banques à relever les taux d'intérêt des prêts aux ménages et entreprises.

- Eviter la récession -

Face à l'inflation, qui a atteint en juin son plus haut niveau depuis plus de 40 ans, il était nécessaire de faire ralentir la consommation pour empêcher les prix de continuer leur escalade vertigineuse.

"Dans la mesure où nous partions de taux proches de zéro au printemps, il était nécessaire d'agir rapidement. (...) Il est désormais temps de ralentir le rythme, sans le stopper", avait déclaré, le 20 janvier, Christopher Waller, un gouverneur de la Fed.

L'inflation est ainsi tombée en décembre à 5,0% sur un an contre 5,5% le mois précédent, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed, qui veut la ramener autour de 2%.

Une autre mesure de l'inflation, l'indice CPI, sur laquelle sont indexées les retraites, a aussi montré un fort ralentissement en décembre, à 6,5% sur un an contre 7,1%.

"Le resserrement de la politique monétaire va certainement refroidir l'économie et faire baisser l'inflation", avait indiqué vendredi à des journalistes Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du Fonds monétaire international (FMI).

Mais la consommation étant le moteur de l'économie américaine, un resserrement trop fort pourrait conduire à une récession.

Toutefois, "nous voyons toujours une possibilité étroite pour que la récession soit évitée en 2023 aux États-Unis", a souligné M. Gourinchas, évoquant "un ralentissement significatif de la croissance", mais sans "nécessairement" de contraction du PIB (produit intérieur brut) ou même de récession.

Le lendemain de la Fed, c'est son homologue européenne, la BCE, qui se réunira. Elle avait démarré plus tard que la Fed sur les hausses de taux, et devrait de nouveau les relever, et même laisser entrevoir d'autres hausses.

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