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Mexique: six morts dans une attaque à l'explosif "sans précédent"

Un nouveau degré dans la narco-violence au Mexique? Six personnes dont quatre policiers ont été tuées et 14 autres blessées dans une attaque à l'explosif "sans précédent" visant des forces de sécurité mardi près de Guadalajara (ouest).

Deux civils ont également été victimes de l'explosions mardi soir de plusieurs engins activés au passage d'un convoi des forces de sécurité, ont détaillé les autorités, qui évoquent la piste du guet-apens.

"C'est quelque chose que nous n'avions jamais vu auparavant ici", a déclaré mercredi le gouverneur du Jalisco, Enrique Alfaro, pourtant à la tête d'un des états les plus violents de la fédération (1.095 homicides et 750 disparitions rien que depuis le début de l'année).

Le gouverneur a dénoncé "un acte de terreur brutale" qui s'apparente à un "défi à l'Etat mexicain dans son ensemble".

Le gouverneur a accusé la "délinquance organisée", sans mentionner spécifiquement le Cartel Jalisco Nouvelle génération (CJNG), l'un des deux plus redoutables du Mexique.

Les assaillants ont utilisé "sept" engins "explosifs improvisés", d'après le gouverneur selon qui "l'attaque ciblait "le personnel du parquet de l'Etat (du Jalisco) et de la police municipale de Tlajomulco".

Cette commune proche de Guadalajara avait déjà la triste réputation d'être un charnier à ciel ouvert. Quelque 200 corps y ont été retrouvés cette année dans des fosses communes. Il s'agit de victimes présumées de la guerre que se livrent les cartels.

Les forces de sécurité visées par l'attaque à l'explosif exploraient d'ailleurs mardi la piste d'une possible fosse commune.

C'était "un piège" destiné à regrouper "la présence de nos policiers", selon le gouverneur.

La piste de la fosse commune aurait été mentionnée par un appel anonyme à un collectifs de proches de personnes disparues, d'après cette version.

"Nous n'avons jamais reçu cet appel", a déclaré à la presse Indira Navarro, du collectif des Mères chercheuses du Jalisco.

Le Jalisco est l'Etat mexicain (il y en a 32 au total) qui compte le plus grand nombre de personnes portées disparues (quelque 15.000 sur un total de 111.203 enregistrées depuis 1962).

- "Narcoterrorisme"? -

Dans ce pays habitué à la narco-violence (assassinats, disparitions, enlèvements), les attaques à l'explosif restent relativement rares.

En juin, un agent de la Garde nationale est mort et d'autres ont été blessés dans l'explosion d'une voiture piégée dans l'Etat de Guanajuato.

Dimanche dernier, dans l'état voisin du Michoacan, une personne a été blessée dans l'attaque à l'explosif convoyé par par drone dans le village d'Apatzingan.

L'objectif est "d'affaiblir la force de frappe des rivaux d'autres cartels, ainsi que des forces de sécurité, et de provoquer la terreur parmi la population civile", résume le consultant en sécurité David Saucedo.

Il évoque le "narcoterrorisme" qui a sévi en Colombie à l'époque du capo Pablo Escobar, dans les années 90.

"Ce n'est pas du narcoterrorisme. Ce sont des organisations criminelles qui utilisent les techniques du terrorisme. Il n'y a aucune revendication sociale, idélogique, ethnique ou séparatiste", nuance Javier Oliva, spécialiste des questions de sécurité à l'Université nationale autonome du Mexique (Unam).

Quelques heures avant l'attaque près de Guadalajara, les forces de l'Etat avaient également été défiées lundi et mardi dans le Guerrero.

Dix policiers et trois fonctionnaires ont été les otages pendant 24 heures de manifestants infiltrés par le crime organisé, d'après les autorités.

Ces 13 personnes ont finalement été relâchées mardi après des négociations entre l'Etat fédéral et les manifestants.

Les manifestants avaient aussi défoncé lundi la porte du palais du gouverneur du Guerrero avec un véhicule blindé de la police et bloqué une autoroute.

Le Mexique a enregistré quelque 350.000 assassinats tandis que des dizaines de milliers de personnes ont été portées disparues depuis 2006 et le déclenchement d'une offensive militaire contre le crime organisé.

Le CJNG est accusé d'avoir abattu un hélicoptère avec un lance-roquette en 2015, provoquant la mort de six officiels de l'état du Jalisco.

Le chef du CJNG, Nemesio Oseguera "El Mencho", est recherché par les Etats-Unis qui offrent 10 millions de dollars pour sa capture.

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador est accusé d'avoir prêché la conciliation avec les cartels, que des Républicains américains voudraient classer dans la liste des organisations terroristes.

"La paix est le fruit de la justice, non de mesures coercitives", a répété mercredi Lopez Obrador, qui avait résumé sa politique d'une formule ("Abrazos, no balazos", "des accolades, pas des fusillades").

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