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Pour la Russie, le CIO a choisi le camp de l'Ukraine

La Russie a accusé vendredi le Comité international olympique (CIO) d'agir "dans l'intérêt" de l'Ukraine, après que l'instance internationale a demandé aux fédérations de faire preuve de "sensibilité" à l'égard des sportifs ukrainiens.

Ce souhait du CIO sonne comme un désaveu implicite de la décision de la Fédération internationale d'escrime (FIE) d'exclure des Mondiaux de Milan la sabreuse Olga Kharlan pour avoir refusé de serrer la main de son adversaire russe Anna Smirnova après l'avoir surclassée jeudi.

Pour le chef du Comité olympique russe, Stanislav Pozdniakov, le CIO "a pris parti dans un conflit politique, a commencé à agir dans l'intérêt de cette partie".

Dans le viseur des dirigeants russes, le soutien apporté à l'Ukraine par le CIO, qui a appelé les fédérations internationales à faire preuve de "sensibilité" à l'égard des ressortissants sportifs ukrainiens.

La journée de jeudi avait pourtant commencé avec cet affrontement sportif entre des ressortissantes de ces deux pays, un événement inédit depuis l'attaque de la Russie en Ukraine en février 2022.

- "Duplicité" -

Les autorités ukrainiennes venaient en effet d'autoriser Kharlan, quadruple championne du monde et médaillée de bronze à Londres et Rio (2012 et 2016), à affronter la Russe. La conséquence d'un changement de leur politique sur le sujet, entérinée la veille dans un décret.

Auparavant, les Ukrainiens étaient purement et simplement interdits de prendre part à des compétitions où s'alignaient des ressortissants russes ou bélarusses, à l'exception du tennis où les joueurs concourent à titre individuel.

Désormais, les sportifs ukrainiens peuvent participer aux compétitions internationales à condition que Russes et Bélarusses s'y alignent sous bannière neutre. Pour le CIO, cette nouvelle ligne "permettra" aux Ukrainiens "de se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris 2024".

Cette disposition est conforme à la recommandation du même CIO, prise en mars et mise en œuvre par plusieurs fédérations internationales, dont l'escrime (FIE), pour réintégrer Russes et Bélarusses dans le sport mondial, sous plusieurs conditions dont celle de la bannière neutre.

Pour le chef du comité olympique russe, l'appel à la "sensibilité" du CIO en faveur des Ukrainiens illustre "la duplicité des soi-disant recommandations" internationales.

- "Demandes russophobes" -

Pozdniakov a une nouvelle fois accusé l'instance olympique d'avoir cédé ces derniers mois aux "demandes russophobes" de Kiev. Selon lui, la réaction du CIO a montré "l'attitude à laquelle absolument n'importe quel Russe sera (dorénavant) confronté lors des compétitions internationales".

La disqualification d'Olga Kharlan, 32 ans, comme le prévoit le règlement de la FIE en cas de refus de serrer la main de son adversaire, a été jugée "scandaleuse" par la présidence ukrainienne jeudi. Automatiquement suspendue "pour le reste du tournoi et les 60 jours suivants de la saison active" comme le stipule le règlement, elle ne pourra pas participer au tournoi par équipes et voit ses chances de se qualifier aux JO sérieusement entamées.

Si le retour des Ukrainiens dans les compétitions où Russes et Bélarusses s'alignent sous bannière neutre a ouvert la voie à leur participation aux Jeux de Paris, la Russie, de son côté, assure qu'elle ne sait toujours pas "à quelles conditions" ses sportifs pourront s'y rendre, selon Stanislav Pozdniakov.

Kiev n'a officiellement pas pris de décision sur un boycott ou non des Jeux. "Nous attendons la décision finale et de savoir si (les Russes et Bélarusses) seront autorisés à participer ou non", avait indiqué au Monde mardi le ministre ukrainien des Sports et président du comité national olympique Vadym Gutzeit.

Le CIO n'a pas inclus Russes et Bélarusses dans l'invitation rituelle aux sportifs du monde entier à prendre part aux Jeux, mercredi à Paris. Son président Thomas Bach n'a pas donné de calendrier sur sa décision sur ce point.

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