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Face à la recrudescence des actes hostiles aux Juifs en France, le président du Sénat Gérard Larcher et la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet ont appelé "tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République" à participer dimanche à une "grande marche civique" contre l'antisémitisme.
L'initiative a été immédiatement saluée par la majorité, mais aussi par la droite et l'extrême droite. La France insoumise (gauche radicale) a pour sa part dit réserver sa réponse, en raison de la présence du Rassemblement national.
Mais dans un tweet cinglant, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a tranché à sa façon: "Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous", a-t-il lancé, dans une allusion aux bombardements israéliens sur Gaza.
A l'issue d'un bureau national mardi soir, le Parti socialiste, qui avait lui-même proposé une initiative similaire sans fixer de date, a appelé à participer à cette marche, mais a jugé "illégitime" la présence du RN, alors que le parti d'extrême droite a déjà annoncé qu'il y serait.
"Nous répondrons présents", a écrit sur la plateforme X le président du RN Jordan Bardella. Marine Le Pen sera à ses côtés, selon le RN, qui s'efforce d'apparaître comme un bouclier pour les Français juifs.
Le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Yonathan Arfi, a apporté son "plein soutien à l'appel".
"La République est en danger; ses fondements mêmes sont attaqués", s'alarment les présidents des deux chambres du Parlement, respectivement deuxième et quatrième personnages de l'Etat, dans une tribune publiée par Le Figaro.
"Depuis l’attaque terroriste perpétrée en Israël par le Hamas, le 7 octobre, un massacre d’une ignominie jamais égalée depuis la Shoah, qui a causé la mort de 40 de nos compatriotes, les actes antisémites se multiplient dangereusement dans notre pays. En quatre semaines à peine, plus de 1.000 faits ont été enregistrés, soit deux fois plus qu’au cours de toute l’année 2022", poursuivent-ils.
- "Un sursaut s'impose" -
Les massacres du 7 octobre, qui ont fait plus de 1.400 morts côté israélien, ont déclenché une guerre dévastatrice entre le Hamas et Israël qui, depuis, pilonne la bande Gaza. Selon le mouvement islamiste, les opérations militaires israéliennes y ont fait plus de 10.300 morts.
"Un sursaut s'impose, pour manifester clairement que la France n'accepte pas l'antisémitisme et que les Français ne se résignent pas, et ne se résigneront jamais à la fatalité des haines (...) Notre laïcité doit être protégée, elle est un rempart contre l’islamisme", écrivent encore M. Larcher et Mme Braun-Pivet.
Ils évoquent une marche "entre le Palais Bourbon et le Palais du Luxembourg", sièges de leurs assemblées, "unissant tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République".
Avant même l'annonce officielle, le président du parti Les Républicains Eric Ciotti avait fait connaître sa participation, invitant "tous les républicains" à s'opposer "à cette montée d’un antisémitisme totalement insupportable", a-t-il dit devant la presse à l'Assemblée.
Le président du parti Reconquête! Éric Zemmour et sa candidate aux européennes Marion Maréchal ont fait savoir seraient présents.
Du côté du gouvernement, le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini entend participer.
LFI, sous le feu des critiques en raison de son refus de qualifier de "terroriste" le Hamas, explique aussi ses réticences par la participation des formations d'extrême droite.
Pour "combattre le racisme, l'antisémitisme (...) je suis toujours du côté de ceux qui luttent contre ces discriminations", a affirmé son coordinateur Manuel Bompard mais il serait "incongru de participer à une manifestation de cette nature en présence du RN".
Président du parti macroniste Renaissance, Stéphane Séjourné a aussi marqué des réserves pour les mêmes raisons.
LFI nourrit aussi des relations conflictuelles avec les représentants de la communauté juive dans l'Hexagone, au premier rang desquels le Crif.
Le 9 octobre, quelques heures après un rassemblement en solidarité avec Israël, Jean-Luc Mélenchon s'en était pris au Crif, l'accusant notamment d'obliger "tout le monde à s'aligner sur la position du gouvernement d'extrême droite israélien, en acceptant de manifester avec le RN".