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Roberta Metsola promet de respecter la ligne du Parlement européen, même sur l'avortement

Élue mardi à une très large majorité à la présidence du Parlement européen, la conservatrice maltaise Roberta Metsola s'est engagée à défendre les positions officielles de l'institution y compris sur le droit à l'avortement, auquel elle est à titre personnel opposée.

Portée par un accord entre sa famille politique (PPE), les socialistes (S&D) et les libéraux (Renew), elle est seulement la troisième femme à accéder à ces fonctions, après les Françaises Simone Veil (1979-1982) et Nicole Fontaine (1999-2002).

Âgée de 43 ans, elle est aussi la plus jeune à prendre la tête de cette assemblée, le jour de son anniversaire.

"Je sais que je me tiens sur l'épaule de géantes", a déclaré Roberta Metsola, tout en disant espérer ne pas attendre "deux décennies pour qu'une femme" parvienne de nouveau à ce poste.

Opposée à l'avortement, Roberta Metsola a voté, en 2021, contre des résolutions condamnant l'interdiction de l'IVG en Pologne ou au Texas et s'était abstenue sur une résolution visant à criminaliser les violences faites aux femmes.

Elle a néanmoins exprimé, dès sa première prise de parole après l'annonce des résultats, son intention d'"aller plus loin pour plus d'égalité hommes-femmes" et "pour garantir et défendre les droits des femmes".

"Sur ce sujet, ma position est celle du Parlement européen, qui est sans ambiguïté : le Parlement a appelé à maintes reprises à ce que les droits sexuels et reproductifs soient mieux protégés", a-t-elle déclaré au cours d'une conférence de presse.

Sa très large victoire a cependant provoqué une vive déception chez certains élus. "Quel coup dur, 40 ans de retour en arrière", a commenté l'eurodéputée écologiste française Karima Deli.

Le secrétaire d'Etat français chargé des questions européenne, Clément Beaune, s'est même dit "gêné par le symbole de son élection" sur France Info.

"Elle a donné des gages, mais je veux qu'elle aille plus loin, qu'elle signe le pacte Simone Veil", qui vise notamment à instaurer la parité dans les instances européennes, a déclaré Stéphane Séjourné, le président du groupe Renew qui a soutenu son élection.

- Tradition d'alternance -

L'élection de Roberta Metsola respecte la tradition d'alternance entre gauche et droite à la présidence qui a quasiment toujours été observée aux scrutins de mi-législature au Parlement. La Maltaise a profité du retrait du président du groupe du Parti populaire européen (PPE) au Parlement, l'Allemand Manfred Weber, qui ne s'est pas présenté à l'élection.

Outre le soutien de son parti, première force politique du Parlement, elle a obtenu celui du groupe S&D (sociaux-démocrates) et de Renew Europe, à la faveur d'un accord conclu lundi entre les trois formations autour d'une feuille de route commune.

Signe de l'extrême vigilance à l'égard du positionnement de la nouvelle présidente sur l'avortement, le document mentionne comme priorité principale "l'alignement par le haut des droits des femmes en Europe", y compris sur la "santé sexuelle et reproductive".

Cette feuille de route accorde également une attention renforcée au maintien de l’État de droit, face aux "violations qui se multiplient et s'enracinent" dans plusieurs Etats membres.

Parmi les autres priorités figurent notamment la mise en place d'un "pacte de sécurité" contre les "menaces hybrides", l'adoption d'un nouveau cadre "fiscal européen" ou l'entrée en vigueur d'une directive sur le salaire minimum.

- Trois candidates -

Roberta Metsola était opposée à deux autres candidates: l'Espagnole Sira Rego (gauche radicale) et la Suédoise Alice Bah Kuhnke (les Verts). La Maltaise a obtenu 458 votes sur 690 décomptés parmi les 705 eurodéputés appelés à voter. Alice Bah Kuhnke a obtenu 101 voix, contre 57 à Sira Rego.

Le Polonais Kosma Zlotowski (ECR, eurosceptiques), qui disposait du soutien du groupe Identité et Démocratie (ID, extrême droite), avait finalement retiré sa candidature dans la nuit.

En plus du président, 14 vice-présidents sont élus pour un mandat de deux ans et demi. Les tractations entre les groupes politiques ont permis mardi l'élection de l'eurosceptique letton Robert Zile à cette fonction. Il pourra, comme ses treize autres homologues, remplacer Roberta Metsola pour la présidence des sessions plénières.

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