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Le ministre de la Défense, Theo Francken, a rendu visite mardi au détachement belge déployé en Lituanie dans le cadre de l’OTAN en compagnie du Chef de la Défense (CHOD), Frederik Vansina. Auparavant, il s’est entretenu avec l’état-major lituanien et son homologue, Robertas Kaunas. Un constat ressort de ces rencontres : pour cette partie de l’Europe, la confrontation militaire de l’Alliance avec la Russie est inéluctable.
« C’est une région menacée. J’ai pu voir de mes yeux combien ces pays s’entraînaient », a expliqué le ministre belge. « Moscou n’a jamais digéré la perte de pays Baltes en 1991 et Dimitri Medvedev (président du conseil de sécurité russe) les qualifie désormais de ’nos’ provinces baltes. (…) L’OTAN doit bâtir là un ’poing solide’».
Un détachement belge a pris ses quartiers au camp de Rukla dans le cadre d’un « battle group » de 1.400 personnes sous commandement allemand. Il est composé de 237 militaires issus d’unités de reconnaissance, d’artillerie, de génie et de soutien logistique. Des coopérations et exercices communs ont lieu avec les collègues allemands, norvégiens, néerlandais, tchèques ou luxembourgeois, mais aussi lituaniens.
« Je suis déjà venu ici en 2021 et je sens qu’aujourd’hui, ce n’est plus un exercice, les Lituaniens se préparent réellement à la guerre », a confié l’un des soldats belges.
Un sentiment confirmé par son supérieur, le major Didier (le nom de famille n’est pas communiqué pour des raisons de sécurité). « Il y a des moyens russes et biélorusses déployés le long de la frontière et il y a une pression permanente. C’est ici que commence la défense du territoire de l’OTAN. Dans la population, auprès des militaires lituaniens que l’on rencontre, il y a un sentiment très prégnant : la question n’est plus de savoir s’il y aura une invasion mais quand. Ils préparent réellement la défense de leur pays ».
La Lituanie, coincée entre le Bélarus et l’enclave russe de Kaliningrad, fait face depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine à une guerre hybride qui monte en intensité. Elle a dû décréter récemment l’état d’urgence après le survol de son territoire par des ballons venus du Bélarus, chargés de cigarettes de contrebande, qui ont contraint à la fermeture de l’aéroport de Vilnius.
« Les Russes sont, selon moi, impliqués parce que nous ne voyons pas le Bélarus comme un pays distinct de la Russie. Cette violation de notre espace aérien, ce n’est pas une histoire de contrebande de cigarettes, ce sont des attaques hybrides. Cela envoie un message à tous les pays de l’OTAN, nous devons investir dans notre Défense. Il faut comprendre que la Russie ne s’arrêtera pas en Ukraine. L’Ukraine ne défend pas seulement son territoire mais tout le flanc est de l’OTAN : les pays Baltes, la Finlande, la Pologne, qui seront les prochains objectifs », a averti le ministre lituanien de la Défense.
Le détachement belge quittera Rukla à la fin du mois. Quatre F-16 seront par contre déployés l’an prochain pour assurer une mission de police aérienne dans la région, et des navires belges naviguent également en Mer Baltique. Un autre détachement important de la Force terrestre est basé en Roumanie depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, sous commandement français. En 2027, la Belgique devra sans doute faire un choix.
« Nous sommes un petit pays et des détachements de la Force terrestre dans deux pays, c’est beaucoup pour notre armée. La Russie est intéressée par les pays Baltes. Jusqu’à présent, la Roumanie n’est pas un objectif pour elle. Ce sera un choix difficile », a reconnu M. Francken.

















