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Lucien observe de près la pénurie de main-d'œuvre dans le secteur de la toiture. Embuild, la fédération du secteur, souligne que les conditions de travail se sont pourtant considérablement améliorées.
Lucien, 35 ans, réside à Ciney et travaille dans une société spécialisée dans la vente de matériaux de toiture. En tant que vendeur et responsable logistique, il est aux premières loges pour observer les difficultés rencontrées par ses clients, principalement des entreprises de toiture, pour recruter des ouvriers qualifiés. Il nous a contactés via le bouton orange Alertez-Nous pour partager son constat : "Je remarque de plus en plus que les petites sociétés ont du mal à trouver de la main d’œuvre."
Presque plus aucun élève ne choisit une formation de couvreur.
Le secteur de la construction en Belgique connaît globalement une pénurie de main-d'œuvre. Selon Niko Demeester, administrateur d'Embuild, 14.000 emplois sont vacants dans ce secteur, comme il l'a souligné au micro de Bel RTL en février 2025. Cette pénurie est-elle particulièrement aiguë dans le domaine de la toiture ? Lawrence Steen, directeur adjoint d’Embuild, confirme : "Oui. La pénurie de main d'œuvre dans le secteur de la toiture en Belgique est une réalité préoccupante". Selon une analyse de la CSC (Confédération des Syndicats chrétiens), environ 13 % des ouvriers de la construction quittent le secteur chaque année, notamment pour partir à la retraite ou se réorienter professionnellement. Autres facteurs aggravants, "presque plus aucun élève ne choisit une formation de couvreur, souligne Lawrence Steen. Et de moins en moins d’écoles proposent cette formation (coûteuse)."
Un métier souffrant d'une image dévalorisée
Le métier de couvreur souffre d'un manque d'attractivité, souvent perçu comme un travail physique intense. Lawrence Steen souligne que la réalité du métier a pourtant beaucoup évolué : "Effectivement, ce n’est pas pour tout le monde, mais les équipements actuels sur les chantiers n'ont rien à voir avec ceux d’il y a 20 ans. Il existe aujourd'hui toutes sortes de grues pour faciliter le travail, ainsi qu'une grande évolution des outils manuels pour les rendre plus ergonomiques. On travaille à partir d'échafaudages, ce qui permet non seulement de rendre le travail plus sûr, mais aussi de travailler confortablement." Il ajoute que le métier de couvreur est un travail créatif où l’on peut véritablement s’épanouir, avec un résultat visuel gratifiant.
Un salaire trop bas par rapport aux allocations de chômage ?
Lucien pointe du doigt un problème qu’il estime crucial : "Les gens ne gagnent pas assez par rapport au chômage". Un point de vue qui rejoint la position de la fédération du secteur : "Chez Embuild, nous avons toujours plaidé pour une limitation dans le temps des allocations de chômage, rappelle Lawrence Steen. Cette mesure est désormais sur la table avec le gouvernement Arizona, et nous espérons donc un vote rapide à ce sujet."
Des initiatives positives mais insuffisantes
Les initiatives déjà d'actualité, telles que les Super Jobdays, vont dans le bon sens, indique Embuild. Ces événements de recrutement intensifs, organisés par le Forem, visent à répondre aux pénuries de personnel qualifié dans des secteurs spécifiques comme la construction. Lawrence Steen salue ces efforts : "Les super jobdays ainsi que toutes les initiatives envers le secteur ont des effets positifs".



















