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Nous avons suivi jusqu'à la prison Mireille De Lauw, condamnée pour le meurtre de son mari violent: elle a été refusée

Mireille De Lauw n'a finalement pas été incarcérée. Elle avait été condamnée à 8 ans de prison pour l'assassinat de son mari en 2013. Cette femme, victime de violences conjugales, s'est également opposée au mariage forcé de sa fille alors âgée de 14 ans.

C'est la mort dans l'âme qu'elle s'était soumise à sa sentence car le bracelet électronique lui a été refusé. Mais lorsqu'elle s'est présentée à la prison de Berkendael ce lundi après-midi, elle a été congédiée.

Nos journalistes Chantal Monet et Bruno Spaak ont partagé ces dernières heures fortes en émotion. Ils nous retracent le fil de la journée.

Je lui ai dit de penser que sa maman partait en vacances

Mireille De Lauw nous a donné rendez-vous dans un café à 14h. Une heure plus tard, elle devait être à la prison. "En me levant, j'ai profité de ma fille j’ai pris un dernier petit déjeuner avec elle. Elle qui commence ses premiers stages aujourd’hui. Pour elle, c’est très dur. C’est une nouvelle séparation après celle qui était intervenue au moment des faits. Je lui ai dit de penser que sa maman partait en vacances avec sa valise. Elle m’a dit c’est mieux de penser à ça", confie la mère en pleurs.

"Je redoutais ce jour car on est libre depuis si longtemps, on se dit qu’on a été oublié par la justice. Fatalement ce jour arrive, on ne s’y attend pas. On ne peut pas s’y préparer", indique Mireille.

La prison, Mireille espérait y échapper. En février 2017, elle introduit une demande en grâce auprès du Roi. La réponse tombe le mois dernier: elle est négative. "Même si l'espoir est tout petit, on s'y accroche, et on se dit 'pourquoi pas?'. On croit toujours au miracle. Jusqu'au jour où on vous dit que votre billet d'écrou est arrivé, et que je me dis que non, le palais n'a pas écouté", explique Mireille.

Si je n'avais pas fait ce que j'ai fait, je ne serais plus là, je serais morte

Mireille regrette son acte, mais c’était "lui ou moi" dit-elle. "J'ai pas eu le choix. J'aurais tellement voulu que ça se passe autrement mais... vous savez, à l'époque ma fille avait 14 ans. Alors il voulait prendre ma fille pour l'emmener dans son pays. Ça tout le monde le sait, mais il m'a tellement tapée, tapée, tapée... Il voulait vraiment me tuer. Je n'ai pas eu le choix. Si je n'avais pas fait ce que j'ai fait, je ne serais plus là. Je serais morte. Ma fille serait mariée quelque part", explique-t-elle avec tristesse.

Alors qu’il est temps d’embarquer direction la prison de Berkendael, Mireille se raccroche encore à un espoir. La pétition à la Première ministre lancée par un comité de soutien pour obtenir le bracelet électronique. Plus de deux mille signatures déjà. "Je ne suis pas un danger public. Je ne fais du mal à personne. Oui j'ai commis une erreur, et oui je dois être punie, mais on n'est pas obligé de subir sa peine en prison", confie-t-elle.

Juste devant la porte de la prison, l'émotion submerge Mireille. "J'ai le sentiment que ce n'est pas ma place de devoir passer cette porte. C'est trop injuste", lance-t-elle à notre micro, juste avant de se présenter pour son incarcération.

Rebondissement: Mireille ressort

Mais cinq minutes après être entrée, rebondissement: Mireille De Lauw ressort. Elle n’est pas acceptée à cause d’une date qui n’a pas été inscrite sur son billet d’écrou par un commissaire de la police de Jette.

"Il aurait dû mettre la date à laquelle le billet d'écrou a été remis. C'est vrai qu'il n'y a pas de date", nous explique Betty Batoul, présidente de l'ASBL Succès, qui défend les femmes battues et qui a accompagné Mireille.

Un détail offre donc à Mireille quelques heures de liberté supplémentaire... mais ce n'est qu'un sursis. "D'un côté je suis contente, mais d'un autre côté c'est dur. Ça va être dur demain!", réagit-elle à sa sortie.

Mireille De Lauw retournera ce mardi au commissariat. Et ensuite sans doute en prison. 

Mireille De Lauw s'était exprimée dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche

Ce dimanche, Mireille De Lauw était venu témoigner dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche sur RTL-TVI. Elle a expliqué avoir tué son mari car il était extrêmement violent et qu'elle craignait pour sa vie et le bien-être de ses enfants.

Mireille De Lauw devait normalement être incarcérée ce lundi en prison. Mais un rebondissement inattendu s'est produit dans cette affaire. Selon nos informations, madame De Lauw n'a pas été acceptée en prison. La raison? Il manquerait une date, que le commissariat de Jette n'aurait pas inscrite sur son billet d'écrou.

Ce rebondissement n'est pas forcément une bonne nouvelle pour Mireille De Lauw. Ce dimanche dans C'est pas tous les jours dimanche, elle avait justement confié qu'il était difficile de vivre au jour le jour, dans l'attente de son incarcération. "Laisser quelqu'un en liberté pendant trois ans après le procès avant de le faire entrer en prison, c'est dur", nous avait-elle confié. "Il voulait me liquider car c'était la seule façon d'avoir ma fille."

Ce dimanche sur RTL-TVI, le témoignage de Mireille De Lauw avait bouleversé les téléspectateurs et les chroniqueurs de l'émission C'est pas tous les jours dimanche. "Les disputes étaient devenues tellement violentes. Il voulait m'enlever ma fille qui avait 14 ans à l'époque. Il voulait me la prendre et l'emmener dans son pays, en Albanie, pour la marier. Il voulait me liquider car c'était la seule façon d'avoir ma fille", a témoigné la mère de famille. 

Mirelle De Lauw avait prémédité son acte. En avril 2013, la mère de famille avait décidé d'en finir en tuant son époux. "Je n'ai pas pensé à la peine. J'avais tellement peur de mourir que c'était la seule chose à faire. Je ne pouvais pas faire autrement", explique-t-elle.

Aujourd'hui, "pour sa fille et pour sa santé fragile", Mirelle De Lauw espère toujours pouvoir obtenir un bracelet électronique afin d'éviter l'emprisonnement. Pourtant, comme l'a indiqué notre journaliste Christophe Giltay, en décidant d'une telle condamnation, la cour d'assises de Bruxelles a rappelé que "symboliquement, on ne peut pas faire justice soi-même".

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