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"L'argile est la pire roche pour enfouir des déchets radioactifs"

(Belga) Si aucune décision n'a encore été officiellement prise pour le stockage des déchets nucléaires, le projet d'enfouissement géologique - éventuellement à Mol, comme privilégié par l'Ondraf - est l'hypothèse la plus élaborée jusqu'à présent. "Un non-sens", selon l'agronome et professeur à l'Université de Lille Bertrand Thuillier, qui s'est penché sur le sujet à la demande de Greenpeace. Ses recherches démontrent qu'il existe "des risques intrinsèques à l'enfouissement" mais aussi que la couche argileuse de Mol-Dessel "est la pire roche" pour enfouir des déchets radioactifs.

Outre les risques liés à l'infrastructure envisagée, soit des puits verticaux pour enfuir des colis radioactifs pouvant atteindre 70 tonnes ou encore des accès monotubiques qui n'offriraient aucune issue de secours en cas d'éboulement, le rapport du Pr Thuillier s'épanche plus longuement sur les risques engendrés directement par le projet de Mol, privilégié par l'Ondraf (Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies). "L'argile est la pire roche pour enfouir des déchets radioactifs car elle est chargée en eau", relève M. Thuillier. Une composition qui, d'une part, est à l'origine de phénomènes de crevasses et fissures et de l'autre peut - en présence d'importants rayonnements - mener à la génération d'hydrogène et donc nécessiter une plus intense ventilation pouvant, elle, entraîner une instabilité des installations. L'expert affirme également que l'épaisseur de la roche envisagée (une centaine de mètres) "n'est pas suffisante", d'autant plus qu'elle est située sous un aquifère qui est l'une des plus importantes sources d'eau potable du pays. Car outre les risques encourus en cas de migration de radioéléments, l'eau est directement menacée par une surchauffe du sous-sol (et les déchets C, de type haute activité longue vie sont de "véritables petits radiateurs", indique Bertrand Thuillier). Au-delà de 25°c, les bactéries de type légionelloses se développent aisément. Faute d'alternative éprouvée et de connaissances suffisantes sur la gestion des déchets nucléaires, le professeur préconise, à l'instar de ce qui se fait aux Etats-Unis, d'entreposer à sec et en surface les déchets pendant au moins 100 ans, pour permettre leur dégazage et une perte en température. "Cela laisserait du temps à la science pour trouver une vraie solution" de gestion de ces déchets, estime M. Thuillier. (Belga)

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