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Le procès de Mohamed Abdeslam se poursuit: son ancien collègue plaide l'acquittement

Le fonctionnaire prévenu dans le vol de la caisse communale de Molenbeek-Saint-Jean en janvier dernier a plaidé l'acquittement, jeudi, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Celui-ci est suspecté d'avoir fourni des informations à Mohamed Abdeslam concernant la date et l'heure du transfert de la recette communale.

Le parquet a estimé, lors de son réquisitoire mercredi, que Mohamed Abdeslam n'avait pas pu obtenir seul les informations concernant le transfert de l'argent et qu'il avait eu besoin pour cela de Pierre-Raphaël C., l'un des fonctionnaires qui transportaient l'argent le jour des faits. Mohamed Abdeslam a également déclaré que celui-ci était impliqué dans le vol.

Mais, jeudi, le fonctionnaire a démenti toutes ces accusations. "Monsieur Abdeslam avait travaillé à la commune de Molenbeek-Saint-Jean, et pas dans n'importe quel service, celui de la recette communale", a avancé l'avocat de Pierre-Raphaël C., Me Thibaut Colin. Outre les accusations de Mohamed Abdeslam, ce sont les images des caméras de vidéo-surveillance de la banque qui sèment le doute concernant le rôle de Pierre-Raphaël C.

L'homme était resté "stoïque" après le vol selon le ministère public, et n'avait appelé les secours qu'après six minutes. "Mon client est toujours comme ça. Il est "stoïque". Tout le monde réagit différemment face à un événement comme cela", a affirmé Me Colin, arguant que cet élément est insuffisant pour asseoir la culpabilité de son client, un père de famille "sans histoire".


Youssef B. plaide l'acquittement

Youssef B., suspecté d'avoir été l'auteur du vol, a lui aussi plaidé l'acquittement. Son conseil, Me Xavier Carette, a aussi contesté les affirmations de Mohamed Abdeslam selon lesquelles son client serait en possession du butin. "Il ressort de l'enquête de téléphonie que, peu après les faits, mon client a demandé de l'argent à prêter à Mohamed Abdeslam. Pourquoi lui demanderait-il cela s'il avait l'argent? ", a soulevé Me Carette.

Enfin, Me Yannick De Vlaeminck a quant à lui soutenu la version des faits donnée par Mohamed Abdeslam. "Pierre-Raphaël C. et Youssef B. mentent lorsqu'ils affirment qu'ils n'ont pas participé aux faits. Sur les images des caméras de vidéo-surveillance, Pierre-Raphaël C. ne regarde même pas dans la direction de fuite du braqueur. Il reste là, il va voir le chauffeur de la voiture mais il n'appelle pas les secours", a exposé l'avocat.


Mohamed Abdeslam avait admis avoir participé au projet de vol

Le 23 janvier dernier, peu après 14h00, trois fonctionnaires molenbeekois avaient été attaqués alors qu'ils s'apprêtaient à déposer une somme de près de 70.000 euros à la banque, place de l'Yser à Bruxelles. Un individu, décrit par les victimes comme armé d'un couteau, avait exigé l'argent et pris la fuite avec son butin.

Quatre personnes avaient été interpellées, dont Mohamed Abdeslam, l'un de ses amis, Youssef B., ainsi qu'un des employés communaux qui avaient escorté l'argent le jour des faits, Pierre-Raphaël C. En juin dernier, Mohamed Abdeslam avait admis avoir participé au projet de vol et servi de chauffeur pour aider l'auteur à fuir. Il a affirmé avoir été informé par Pierre-Raphaël C. qu'une importante somme d'argent devait être apportée à la banque le 23 janvier 2018, et l'avait fait savoir à Youssef B.


Un butin qui reste introuvable

C'est ce dernier qui a commis l'attaque, selon lui, alors que l'argent était transporté notamment par Pierre-Raphaël C. et une ex-compagne de Mohamed Abdeslam, N.D., elle aussi employée communale à Molenbeek-Saint-Jean. Mohamed Abdeslam a affirmé que ces deux derniers étaient au courant des faits et avaient accepté d'y jouer un rôle. Si Pierre-Raphaël C. a effectivement été inculpé, N.D., elle, ne l'a pas été.

Quant au butin, il est à ce jour introuvable. Mohamed Abdeslam a déclaré qu'il ne savait pas où il se trouvait mais que, selon lui, c'est Youssef B. qui le possédait avant leur arrestation. La procureure, elle, s'est dite convaincue que l'argent était entre les mains de Mohamed Abdeslam, notamment parce que l'enquête a montré qu'une somme de 20.000 euros avait été versée sur son compte marocain. Les débats se poursuivront le 3 octobre prochain à 14h00 avec les répliques et les derniers mots des prévenus.

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