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Traits tirés, yeux rougis, ils sont revenus fouler, dès le matin, la pelouse du petit stade de Courrières, près de Lens (Pas-de-Calais), là même où Jordan Denneulin, 31 ans, leur fils, leur frère, leur coach, a été foudroyé jeudi soir en plein entraînement.
Le père Frédéric, le frère Lucas et l'oncle Joffrey, en larmes, répondent aux caméras, avant tout pour rendre hommage à celui qu'ils décrivent comme un passionné de foot, qui laisse derrière lui une épouse et un fils de 13 ans.
Des parents d'enfants licenciés et des membres du club, où Jordan Denneulin entraînait les moins de 13 ans, sont là eux aussi.
Certains déposent des roses blanches sur deux tables placées autour d'un chevalet portant sa photo. Deux jeunes hommes fondent en larme près du portrait souriant du trentenaire blond à la barbe de trois jours.
La foudre s'est abattue sur le stade Gabriel-Péri, dans le cadre d'un "épisode orageux brutal et soudain" débuté jeudi vers 20H00, a précisé la préfecture du Pas-de-Calais dans un communiqué.
Outre ce décès, un homme se plaignant de douleurs thoraciques a été transporté à l'hôpital et 12 autres ont été légèrement blessés (brûlure à la jambe, maux de tête, traumatisme à la cheville...), d'après son dernier bilan.
- "Totalement imprévisible" -
Selon le maire de Courrières, Christophe Pilch, qui s'est entretenu avec le jeune président du club, les joueurs avaient commencé à s'entraîner, en T-shirt, profitant d'un temps "chaud et beau", quand "la météo s'est dégradée à une vitesse incroyable".
"Ils ont décidé d’arrêter l’entraînement" et "les derniers a rejoindre le vestiaire ont malheureusement été frappés par la foudre", raconte l'édile de cette ville de 10.000 habitants. "C'était totalement imprévisible."
Jordan Denneulin a été le plus directement touché, certaines autres victimes ayant été projetées au sol par l'éclair, d'après la présidente du district de l'Artois de football, Evelyne Bauduin.
Avec le président de la Ligue de football des Hauts-de-France, elle espère une minute de silence avant la finale de la Coupe de France samedi soir entre l'Olympique lyonnais et le Paris-Saint-Germain, qui se joue à Lille, à une trentaine de kilomètres de Courrières.
Jordan Denneulin "vivait foot, il dormait foot, il mangeait foot", raconte son oncle Joffrey, qui décrit "quelqu'un sans problème, qui ne fumait pas, ne buvait pas". "On ne comprend pas."
Surveillant dans un collège de Lens, aîné d'une famille de cinq garçons eux aussi passionnés de foot, il préparait en candidat libre le concours pour devenir professeur de sport.
- Dix morts par an -
L'AS Courrières, qui compte 360 licenciés et où il jouait depuis presque dix ans, a rendu hommage sur Facebook à "un mec en or", "souriant, respectueux, serviable" et fan du RC Lens.
Il avait, selon ses proches, rencontré sa compagne Jessica, joueuse elle aussi, sur un terrain de football.
La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera a adressé sur X ses "condoléances à la famille et aux proches" de Jordan Denneulin, ainsi que ses "pensées" au joueur blessé, "toujours entre la vie et la mort" selon elle.
En juin 2019, plusieurs adolescents, membres d'un club de football, avaient été frappés par la foudre lors d'un entraînement à Saint-Nicolas-lez-Arras, également dans le Pas-de-Calais.
Le département était classé jeudi soir en vigilance jaune aux orages par Météo-France, comme les trois-quarts de la France.
Le préfet du Pas-de-Calais a appelé vendredi les habitants "à la plus grande prudence", le département étant restant en vigilance jaune orages jusqu'à 22H00.
"Ce drame nous rappelle qu'un orage même isolé peut être intense, être accompagné de pluies intenses, rafales et d'impacts de foudre", a réagi Météo-France dans un communiqué à l'AFP, précisant que "1.000 impacts de foudre au sol" avaient été enregistrés jeudi dans le pays.
"On estime qu'une centaine de personnes sont foudroyées chaque année (en France), et qu'au moins une dizaine en meurt", précise l'institut météorologique.