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Délesté du poids du maillot arc-en-ciel de champion du monde, Julian Alaphilippe aborde 2023 avec un esprit revanchard pour tourner la page d'une saison en enfer et répondre aussi aux piques de son manager, Patrick Lefevere.
Pour l'instant cependant, tout ne va pas si bien. Vendredi à La Panne, station balnéaire des Flandres posée en bord de mer du Nord, à un jet de bidon de la frontière française, où la formation Quick-Step avait invité fans, partenaires et médias dans un parc d'attractions pour lancer sa saison, le coureur français et sa compagne, Marion Rousse, sont restés à l'écart du groupe, affublés tous deux d'un imposant masque FFP2.
Le Covid encore, et alors que trois autres coureurs de l'équipe, souffrants, étaient absents ? A priori non. "Ce n'est pas que je suis malade, mais il y a plein de petits virus qui traînent. L'estomac n'est pas top", a seulement confié le double champion du monde 2020 et 2021, après avoir zappé la conférence de presse.
La centaine de journalistes a donc dû se contenter de ces quelques mots lâchés, en anglais, seul à la tribune et masqué: "Je suis super motivé pour la saison qui commence. Après une année très difficile, j'ai envie de repartir du bon pied."
Joint au téléphone en soirée, il a ajouté avoir "tiré un trait sur 2022. J'avais à cœur de remettre les compteurs complètement à zéro et ça s'est passé comme je le voulais".
De fait, 2022 aura été un long calvaire pour l'Auvergnat de 30 ans qui a accumulé les périodes de maladies, de blessures et de chutes.
Vendredi, la Quick-Step a diffusé quelques extraits de la série Amazon consacrée à la formation belge qui doit être diffusée prochainement sur la plateforme de streaming. On y découvre de l'intérieur la réaction de ses directeurs sportifs, équipiers et de sa compagne après son effroyable chute lors de Liège-Bastogne-Liège.
Ils ont tous eu très peur, une frousse à la hauteur du bilan, terrible: un pneumothorax, deux côtes cassées et une fracture à une omoplate.
- "Salaire de champion" -
Le reste de la saison a été à l'avenant avec notamment un nouvel abandon sur chute au Tour d'Espagne fin août, l'épaule luxée.
"Il n'a vraiment pas été épargné. Mais là je le sens très motivé, même à l'entraînement. Ça va être du grand Julian cette année. Il est revanchard, ça va péter", annonce à l'AFP son coéquipier Rémy Cavagna, "le TGV de Clermont-Ferrand", qui cultive lui-même beaucoup d'ambitions pour 2023, notamment vis-à-vis du Tour qui proposera trois étapes dans sa région.
Les deux Français de la Quick-Step vont lancer leur saison ensemble au Challenge de Majorque, programmé du 25 au 29 janvier. Alaphilippe enchaînera ensuite sur les Boucles Drôme-Ardèche et la trilogie italienne Strade Bianche/Tirreno-Adriatico/Milan-Sanremo avant les Flandriennes, selon le programme officialisé par son équipe au moment même où "Alaf" repartait en voiture.
Pour le Français, qui entame déjà sa dixième saison chez Quick-Step, 2023 ressemble fort à une année charnière après les critiques lancées ces dernières semaines par le patron de son équipe, Patrick Lefevere.
"Je veux qu'il se reprenne. Il me doit une revanche. Julian a un salaire de champion mais il doit confirmer qu'il en est toujours un", a-t-il asséné dans les colonnes de La Dernière Heure avant d'enfoncer le clou: "Qu'il ne soit plus champion du monde, je m'en fiche, mais ces dernières années, il n'a pas gagné grand-chose. Oui, il a eu beaucoup de malchance, mais ce sont toujours les mêmes qui sont chanceux et les mêmes qui ont la poisse."
Des mots durs qui n'ont pas dû ravir le champion français, sous contrat jusqu'en 2024, mais qui n'est plus désormais la tête de gondole de son équipe, dépassé par Remco Evenepoel.
Mais Alaphilippe devrait renouer avec le Tour de France, qu'il avait manqué l'an dernier, d'autant qu'Evenpoel a choisi le Giro.
Cela pourrait même inciter le Français à faire l'impasse sur les courses ardennaises pour "faire une belle préparation pour le Tour de France avec plein de reconnaissances et de stages en altitude."