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Tennis: 40 ans après, les Petits as restent le "Grand Chelem des enfants"

Comme les grands, Moïse Kouamé enchaîne selfies et interviews après son match aux Petits as de Tarbes, un "Grand Chelem pour les enfants" qui, 40 ans après, reste un passage obligé pour les espoirs du tennis mondial, même s'il n'est pas forcément "un gage de réussite".

De nombreux enfants garnissent ce mercredi les tribunes tarbaises pour assister dans une ambiance de cours d'école au deuxième tour de l'une des meilleures chances françaises de la semaine, contre un Bulgare accrocheur.

Vainqueur en deux sets, Moïse Kouamé, 13 ans, prend volontiers la pose avec ses supporters, à peine plus jeunes que lui, avant de se présenter devant les journalistes avec autant de décontraction que de maturité.

"Ce n'est pas un tournoi comme les autres parce qu'en dehors du court, c'est une atmosphère incroyable. C'est comme un Grand Chelem pour les enfants", avance-t-il. "Mais à partir du moment où je rentre sur le terrain, c'est comme un entraînement. Même si de grands champions sont passés par là, notamment Nadal ou Gasquet, ça ne me stresse pas".

Depuis la première édition, en 1983, de ce qui est devenu le championnat du monde officieux des 12-14 ans, plusieurs joueurs et joueuses de légende ont inscrit leur nom au palmarès.

Michael Chang, vainqueur en 1986, trois ans seulement avant d'établir un record de précocité à Roland-Garros, et Martina Hingis, sacrée deux années de suite à Tarbes (1991 et 1992), ont notamment beaucoup fait pour la notoriété internationale du tournoi.

- Federer, Nadal, Djokovic -

Depuis 2000 et le jeune Espagnol Rafael Nadal, aucun lauréat n'a atteint ensuite le très haut niveau, à l'image des deux Français Quentin Halys (2010) et Rayane Roumane (2014).

Avec 47 pays engagés cette année (un record), des qualifications aux Etats-Unis et en Asie, et un budget de plus d'un million d'euros, les Petits as restent malgré tout, avec l'Orange Bowl américain, une référence de la catégorie.

"Vous pouvez trouver aux Etats-Unis des tournois jeunes d'un niveau similaire, mais aucun n'a un environnement aussi professionnel, avec des transports pour tout le monde, les repas au restaurant, une parade...", apprécie l'entraîneur équatorien Juan José Naranjo.

"Certains jeunes pensent qu'ils ne passeront jamais pros s'ils ne gagnent pas ici", ajoute-t-il. "Mais beaucoup de joueurs, comme Alcaraz (actuel numéro un mondial) ou Rublev (6e), n'ont pas passé les premiers tours".

Novak Djokovic lui-même est descendu en quarts à Tarbes en 2001 et Roger Federer avait perdu dès les huitièmes en 1995 dans l'anonymat du court numéro deux, dépourvu de couloirs.

- "Ne pas se croire arrivé" -

"Il n'y a pas de vérité (...) Le fait de briller ici est loin d'être un gage de réussite pour plus tard", estime le directeur technique national Nicolas Escudé. "Et si la réussite est au bout, il faut faire très attention à ne pas se croire arrivé, parce qu'il reste encore du chemin".

Dans le bureau de la direction aux austères murs de parpaings, Jean-Claude Knaebel, l'un des trois cofondateurs, est surtout fier d'avoir conservé, au-delà de son attractivité internationale, l'état d'esprit originel des Petits as.

"On a l'élite du tennis mondial des 14 ans et moins, mais c'est une manifestation populaire", souligne dans son accent du Sud-Ouest cet ancien patron de la grande distribution, très attaché à la gratuité de l'événement. "Tarbes est une ville qui a malheureusement perdu son industrie. Il y a beaucoup d'anciens ouvriers, des familles modestes..."

Une fois parties les futures stars du tennis, au premier rang desquelles la russe de l'académie Mouratoglou Ksenia Efremova, son partenariat avec Nike et ses 42.000 abonnés Instagram, le parc des expositions de la préfecture des Hautes-Pyrénées reprendra son cours normal.

D'autres bêtes de compétition seront exhibées entre ses parois de tôle ondulée à l'occasion d'un salon régional de l'agriculture en mars. "On aura les vaches sur le court à la place des joueurs", relève Knaebel. Une autre leçon d'humilité.

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