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Témoignage bouleversant: "Pour moi la vie s'arrêtait avec elle", confie la maman de Mélanie Defize, victime des attentats de Bruxelles

"Pour moi la vie s'arrêtait avec elle", a confié jeudi, devant la cour d'assises chargée du procès des attentats à Bruxelles, la maman de Mélanie Defize, tuée dans l'explosion de la bombe de la station de métro Maelbeek. Plutôt que de relater l'"intolérable" journée du 22 mars 2016 et les "nuits cauchemardesques" qui ont suivi, les proches de la jeune femme ont préféré lui rendre hommage.


"Mélanie était brillante, sympathique, esthète, souriante et passionnée", a décrit la témoin, très émue, avant d'évoquer avec mélancolie les souvenirs de sa fille alors qu'elle était encore une enfant, de leurs vacances en Provence et des premières notes de violon jouées par Mélanie. "Elle voulait rendre la vie plus belle, faire en sorte que les gens se sentent plus intelligents en partageant ses connaissances en toute humilité."

Mélanie en moi à jamais

"Lorsque nous avons appris sa mort, je n'avais qu'une seule envie : m'effondrer et laisser le désespoir m'envahir", a-t-elle poursuivi. "Pour moi, la vie s'arrêtait avec elle, je suis passée par tous les stades du deuil : prostration, colère, tristesse abyssale, une envie de crier au monde que la vie ne peut pas continuer sans une aussi belle personne,... Mon mari et moi, nous survivons désormais, le temps s'est comme liquéfié. Deux mois et demi après l'attentat, mon fils Thomas a eu ses jumeaux. Ils sont notre nouveau bonheur. Tout cela reste déchirant pour nous tous, je porterai Mélanie en moi à jamais."

"À ceux qui nous écoutent et surtout ceux qui veulent nous entendre : vous, qui agitez sans cesse vos droits, rappelez-vous que chacun a droit à la vie", a également lancé la maman de la disparue, s'adressant visiblement aux accusés. "Aucun être sur terre ne mérite une telle cruauté. Que ferez-vous de cette souffrance quand nous repartirons d'ici ? Qu'en ferez-vous si seulement vous nous avez entendu ?"

"Je suis triste et en colère", a ensuite affirmé Thomas, le frère de Mélanie. "Je suis triste qu'on nous ait arraché une sœur et une fille et je suis en colère contre les responsables directs, bien sûr, mais aussi contre les responsables indirects. Ce sont des politiques, ils savent très bien ce qu'ils ont fait avec Oussama Atar, j'espère qu'ils arrivent à dormir avec ça", a ajouté le témoin rejoignant les propos tenus plus tôt dans la journée par Éric Bastin, le frère d'Aline Bastin, également décédée à Maelbeek.

Thomas Defize a ensuite usé de la même rhétorique que le père de ce dernier pour s'adresser aux accusés. "Vous n'aurez pas ma haine, même si c'est peut-être ce que vous espériez. Vous n'aurez pas mon pardon non plus, car ce n'est pas à moi de pardonner pour ma sœur et qu'il n'y a pas de pardon sans regrets."

"Ils ont tué la musicienne, mais pas la musique"

Le témoin a aussi narré les recherches de sa sœur, l'espoir qui perdurait malgré le manque de nouvelles et l'identification à l'hôpital militaire de Neder-Over-Heembeek "Je me suis rendu compte qu'elle n'était plus là lorsque j'ai posé la main sur son front. Il était froid, très froid", a-t-il expliqué, avant d'évoquer les semaines et mois qui ont suivi. "Mes parents étaient anéantis mais moi je ne pouvais pas m'effondrer, pour eux et pour mes enfants qui venaient de naître. Mais ça diffère juste le deuil, des choses sont remontées plus tard."

Enfin, Cédric, qui employait Mélanie dans sa maison de disques, a décrit quelle femme brillante était la disparue, professionnellement parlant. "C'était quelqu'un qui était en pleine éclosion, qui prenait confiance en elle", a-t-il décrit. "Le 22 mars elle s'est dépêchée pour venir au bureau alors qu'il n'y avait pas d'urgence, sur les caméras de Pétillon, on la voit même courir pour attraper in extrémis la rame qui l'a menée vers la mort. C'est tellement improbable, c'est quelque chose qui est encore très difficile à accepter pour moi."

"Ils ont tué la musicienne, mais pas la musique", a-t-il conclu. "Il faut mobiliser toute notre intelligence pour éduquer et ouvrir un dialogue, car c'est l'ignorance qui a mené au 22 mars."

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