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Le conducteur du métro confie n'avoir plus aucun goût à la vie: "Je n'ai plus confiance qu'en les animaux"

"Quand on a vécu ce que j'ai vécu on a plus l'envie de vivre", a confié mercredi, Christian Delhasse, le conducteur du métro dans lequel le kamikaze a déclenché sa bombe le 22 mars 2016 à hauteur de la station Maelbeek, devant la cour d'assises de Bruxelles. L'homme, visiblement remué, a également fait part d'un grand sentiment de culpabilité.
Lorsque l'explosion a lieu, vers 09h10, alors que son métro démarre de Maelbeek, Christian Delhasse pense d'abord a une avarie. Un coup d'œil par la fenêtre de la cabine lui confirme qu'il s'agit de tout autre chose. Il s'empare de sa radio et passe un appel réclamant des secours en urgence, toutes les communications seront ensuite coupées.

Le conducteur de la Stib se rend alors dans la première voiture pour aider les gens à s'en extirper, la rame étant déjà engagée dans le tunnel, ils n'auront d'autres choix que de sortir par une fenêtre. M. Delhasse se dirige ensuite vers la deuxième voiture, où a eu lieu la détonation, au vu de son état, il décide d'aller en priorité ouvrir les 3e et 4e voitures et de guider leurs occupants vers la sortie.

L'homme revient ensuite vers la voiture détruite. "La visibilité n'était plus que d'un tiers à cause de la poussière", a-t-il raconté. "À la première porte, j'ai vu un homme avec un trou dans la tête, puis une femme décédée dont le corps brulait, j'ai pris un extincteur pour l'éteindre. La voiture n'était plus qu'un enchevêtrement de parois métallique, de sièges et de membres. J'ai aidé un homme à dégager une barre en métal qui le gênait, j'ai saisi une jambe."

Après avoir apporté son aide à plusieurs personnes, dont une femme qui cherchait son bébé, Christian Delhasse sort de la station, est placé sous oxygène et emmené à l'hôpital. Lorsque je suis rentré, j'ai dit à ma femme et mes enfants : 'tout va bien, je ne veux plus jamais en parler. Ils ont respecté mon choix."

Sa femme étant gravement malade, Christian reprend le travail le lendemain. "C'est devenu de plus en plus pénible, j'avais l'impression d'emmener les gens à l'abattoir", a-t-il expliqué, avant d'ajouter que "le conducteur du métro est responsable de toutes les personnes qu'il transporte, je suis désolé pour toutes les familles des victimes. Je m'en veux, car ces 16 personnes sont montées dans ma rame en toute confiance". "Vous n'avez commis aucune faute, vous avez sauvé ceux que ce que vous avez pu", lui a fait remarquer la présidente de la cour, Laurence Massart. "Ce n'est pas assez", a répondu le témoin.

J'en suis malade à chaque fois que mes enfants prennent le métro

"Je pensais pouvoir oublier, mais je n'y arrive pas, j'ai des problèmes de mémoire, je ne supporte plus le bruit, je déteste la foule. J'évite les transports en commun, ce qui a fortement impacté ma mobilité, je vis en confinement depuis 2016", a encore raconté Christian Delhasse. "Je n'ai plus confiance en nos institutions ni en personne, je n'ai plus confiance qu'en les animaux. Je n'attends plus rien de ce monde dans lequel je survis. Plus de but, plus de projet, la vie n'a plus d'intérêt. Je tiens à remercier l'association Life4brussels, sans eux j'aurais depuis longtemps lâché prise."

"Quand on a vécu ce que j'ai vécu, on a plus l'envie de vivre. J'en suis malade à chaque fois que mes enfants prennent le métro, je ne comprends pas au nom de quoi on peut faire ça, s'attaquer à des enfants, à des innocents...", a conclu le témoin.

 

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