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Pour la première fois depuis sa mort il y a plus de cinq ans, la mère de Sanda Dia, cet étudiant décédé en 2018 lors d'une activité de baptême du cercle estudiantin Reuzegom à la KULeuven, est sortie du silence. Par l'intermédiaire de son avocat, elle demande vendredi dans un courrier la fin du battage médiatique entourant la mort de son fils afin que son âme puisse reposer en paix.
"Sanda a perdu la vie lors d'un tragique accident causé par un comportement inconsidéré et, aussi douloureux que ce soit à entendre, par ses propres choix", écrit Annemie De Vel. Jusqu'à présent, la mère de Sanda ne s'était pas exprimée publiquement mais le "récent tapage" l'a fait sortir de sa réserve.
La mort de cet étudiant, pour laquelle 18 prévenus, dont l'ancien président du Reuzegom, ont été condamnés par la cour d'appel d'Anvers à des travaux d'intérêt général (de 200 à 300 heures) et à 400 euros d'amende - un jugement considéré par certains comme trop clément -, est réapparue dans l'actualité avec la condamnation du youtuber Acid.
Ce dernier a été condamné jeudi par le tribunal correctionnel de Bruges pour harcèlement en ligne, à trois mois de prison avec sursis ainsi qu'à une amende de 800 euros. En mai 2023, il avait publié une vidéo dans laquelle il mentionnait le nom de quatre membres du cercle Reuzegom et donnait plusieurs informations personnelles à leur sujet. Il avait été cité à comparaître par les parents de l'une des personnes incriminées, un ancien membre du cercle étudiant qui n'était pas mis en cause dans le dossier. Ils faisaient valoir notamment une atteinte à leur réputation, qui a entraîné une vague de fausses réservations et d'avis négatifs sur leur restaurant.
Le tribunal a aussi condamné le youtubeur à 20.000 euros de dommages et intérêts à titre provisionnel. Pour réunir cette somme, Acid a lancé un financement participatif jeudi soir. Vendredi à 17h30, il avait déjà récolté près de 140.000 euros. Le youtubeur assure qu'il reversera l'excédent à la fondation Sanda Dia.
La mère de l'étudiant souhaiterait, elle, voir la tempête médiatique cesser. "La justice pour Sanda ne s'achètera jamais. Ni par des amendes ou des peines de travail, ni par des dons à 'la famille', à des initiatives ou des associations. Cela doit s'arrêter, l'âme de Sanda doit reposer en paix."
S'ériger en martyr ne rend pas hommage à son fils, juge-t-elle. Au contraire du père de Sanda, Ousmane Dia, la mère de cet étudiant noir ne pense pas que la mort de son fils soit liée au racisme. "Cela n'a rien à voir avec son origine, ses parents, sa couleur de peau. Si cela n'était pas arrivé, il serait simplement devenu un Reuzegommer (un membre du club Reuzegom, NDLR). Et il aurait participé au baptême l'année suivante, mais de l'autre côté", estime-t-elle. Elle considère que personne n'a voulu cela ou ne l'a vu venir. "Ni ces jeunes, ni Sanda." Elle demande qu'il soit mis fin aux "rituels de baptême dépassés" et que le battage médiatique, aussi bien intentionné soit-il, se calme.