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Avec plus de 13.000 détenus aujourd'hui derrière les barreaux, il n'y a jamais eu autant de prisonniers en Belgique. Problème: il n'y a que 11.000 places dans l'ensemble des établissements pénitentiaires du pays. Dans deux jours, une nouvelle grève aura lieu dans nos prisons.
Des photos prises à l'intérieur de la prison d'Anvers montrent des détenus qui dorment à même des matelas de fortune. En Belgique, on compterait 267 prisonniers qui doivent faire face à des conditions de détention comme celle-ci. "A Saint-Gilles, on n'a pas encore de matelas par terre. Mais au rythme où ça va, fin de semaine, s'il n'y a pas de libérations qui tombent, on en aura...", rapporte le directeur de la prison.
Selon les derniers chiffres publiés en Belgique, on compte 13.018 détenus sur une capacité officielles de 11.040 places. Pour les agents pénitentiaires, la pression est difficile à gérer. Les détenus sont les uns sur les autres. "On n'est pas au courant de tous les tenants et les aboutissants", affirme Lionel, agent pénitentiaire à la prison d’Andenne. Ça devient une bombe à retardement dans les prisons."
Pour comprendre ces chiffres historiques, plusieurs facteurs. Des détenus internés souffrant de problèmes psychiatriques ont doublé en quelques mois. Le nombre de prisonniers sans papier également explosé. Aussi, la volonté de faire purger les peines complètes, tout comme les peines de moins de 3 ans, joue sur cette population carcérale.
Quelles pistes?
Comment on pourrait baisser ces chiffres? Sur le plateau du RTL info 19h, la journaliste judiciaire Dominique Demoulin apporte quelques éléments de réponses.
Pour tenter d’alléger la pression sur les prisons, la ministre flamande de la Justice, Zuhal Dem, a proposé l’installation de "4000 bracelets électroniques supplémentaires d’ici 2027", ce qui désengorgerait les établissements pénitentiaires. Toutefois, si cet investissement est réalisable en Flandre, "c'est beaucoup moins sûr qu'on puisse investir de l'argent en Wallonie et à Bruxelles pour ces bracelets électroniques", explique Dominique Demoulin.
Le transfert des détenus étrangers vers leur pays d’origine est une option déjà prévue par les conventions internationales. "Aujourd'hui, dans nos prisons belges, il y a 4300 détenus qui n'ont pas la nationalité belge." Parmi eux, les ressortissants de l’Union européenne, dont "413 Hollandais, 240 Français, 273 Roumains", pourraient être transférés plus facilement. De plus, "si on ajoute à ça les détenus d'origine marocaine, kossovare ou albanaise, trois pays avec lesquels la Belgique a signé des conventions, ça fait encore 1200 détenus de plus qui pourraient purger leur peine dans leur pays. Total, 2200 personnes."
Cependant, les transferts de prisonniers restent limités. "Au SPF Justice, on nous répond que ce sont des procédures longues à mettre en œuvre en raison des obstacles juridiques, administratifs et pratiques." Un détenu marocain ayant un enfant en Belgique, par exemple, peut s’opposer à son transfert. Résultat : "Il y a eu seulement 9 prisonniers qui ont été transférés l'an dernier et 12 depuis le début de l'année." Un chiffre dérisoire compte tenu du nombre de détenus concernés.
Face à cette situation critique, la ministre de la Justice a annoncé la mise en place d’une task force pour accélérer ces transferts et tenter de désengorger les prisons. Mais l’urgence de la situation nécessite des actions rapides et efficaces, faute de quoi le problème ne fera que s’aggraver.

















