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Meurtre d'un enseignant à Mons: on en sait plus sur ce qui se serait passé ce soir-là

C’est dans un bloc d’immeuble moderne situé aux portes de Mons que vivait Julien Grégoire. C’est dans ce même endroit que le professeur de langue au collège Saint-Stanislas a été tué de plusieurs coups par arme blanche. Pourquoi cet homme de 44 ans a-t-il été massacré par un élève d’à peine 18 ans? Que s’est-il passé? Voici quelques éléments de réponse. 

Tout a commencé lorsque le professeur a ramené des jeunes à son appartement, après une fête scoute. Selon ses voisins, le quarantenaire avait l’habitude d’organiser des fêtes: "On ne savait pas qu’il était mort, on s’est dit qu’il y avait une dispute et que ça avait mal tourné, avec toutes les fêtes. Mais qui il recevait, ça, on n’a jamais vu", témoigne une habitante de l'immeuble. 

Que s’est-il passé la nuit du drame ?

Thomas, l’auteur du meurtre a déclaré que le professeur aurait touché ses parties intimes à plusieurs reprises avant de s’asseoir sur lui à califourchon. Il le repousse, prend un couteau qui se trouvait sur la table et le poignarde. D’après nos informations, il ne se serait pas arrêté là: il aurait utilisé d’autres couteaux et aurait planté au fond de sa gorge une roulette à découper des pizzas. Au total, une vingtaine de plaies sont constatées; un véritable acharnement commis par un jeune homme qui n’était pas connu pour des faits de violences.

Il s’agit d’un coup de sang, d’une pulsion

"Parfois, on prend en compte en justice des personnes ordinaires qui n’ont pas d’antécédents, qui ne sont pas connues de la justice, qui ont une vie calme et bien rangée, et qui peuvent - sous le coup de l’émotion – commettre des actes qu’ils ne commettraient pas en temps normal. Il s’agit d’un coup de sang, d’une pulsion qui peut les amener à apporter des coups et blessures ou, dans les cas extrêmes, à tuer. Cela est peut-être lié à une consommation d’alcool, comme dans ce cas, ou a une consommation de stupéfiants qui a tendance à désinhiber… Mais pas nécessairement. Cela pourrait arriver à n’importe quelle personne qui ne parviendrait pas à gérer un choc émotionnel", avance Patrick Maricot, avocat au barreau de Bruxelles.

Toujours selon nos informations, Thomas, très étonné par les agissements de l’occupant des lieux, aurait envoyé des photos et aurait passé un appel vidéo à sa petite amie pendant que son ancien professeur en sous-vêtement lui massait les pieds.

D’après son avocat, Franck Discepoli, il s’est bien passé quelque chose qui a provoqué la folie meurtrière du jeune homme. "Thomas s’est retrouvé dans une situation à laquelle il ne s’attendait pas et ça, le dossier le révèle. Il y a eu des gestes totalement inappropriés à son égard, de la part de quelqu’un de 44 ans sur un jeune homme de 18 ans. Et je pense que ça a été le déclic de quelque chose. Ce n’est pas simplement l’alcool, l’euphorie ou je ne sais quoi qui a lancé tout ça… Il y a dû avoir quelque chose qui l’a profondément choqué", affirme ce dernier. 

Une face cachée? 

Julien Grégoire était coordinateur pastoral et actif dans les projets de l’ONG Iles de paix. Face à cet homme qui semble irréprochable, les enquêteurs de la Police fédérale de Mons se posent une question : Monsieur Grégoire cachait-il quelque chose?

Il essaye de te faire des attouchements

Nous avons rencontré l’un de ses anciens élèves. Il aurait été, tout comme ses amis, été approché sexuellement par le professeur : "Il nous chope souvent vers 14 ans. Une belle relation de confiance commence à s’installer. C’était un ami de mes parents. Après, il commence à aller un peu plus loin. (…) Tu bois beaucoup avec lui, tu es bourré. Et pendant que tu dors, il essaye de te faire des attouchements".

Actuellement, aucune plainte n’a été déposée contre le professeur. Même si la version de son meurtrier s’avère correcte et que l’agression sexuelle est avérée, la justice doit appliquer le principe de la proportionnalité de la potentielle victime face à un danger. "Une personne qui se fait agresser a évidemment le droit de se défendre et de répliquer à cette agression. Mais cette réplique doit être concomitante à l’agression et surtout, elle doit être proportionnelle à l’agression. Si une personne se fait agresser sexuellement et qu’elle réplique en lardant de coups de couteau, à plusieurs reprises, avec la mort qui s’ensuit… Elle aura eu une réaction disproportionnée et par conséquent engagera sa responsabilité pénale", explique Henri Laquay, avocat spécialiste en droit pénal.

À défaut d’avoir les souvenirs précis de l’auteur du meurtre, sous l’emprise de l’alcool au moment des faits, ce sont désormais les techniques d’enquête policières et scientifiques qui ont la main pour résoudre ce meurtre. 

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