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Saisir la Cour de justice européenne des droits de l'homme, dans le cadre de l'interdiction de l'abattage rituel sans étourdissement, c'était l'une des dernières chances de l'exécutif des musulmans de Belgique. Et c'est un échec: l'arrêt européen conforte l'appel à légiférer également à Bruxelles. Qu'en sera-t-il à l'avenir? Et dans la capitale?
C’est une décision lourde de sens. La Cour européenne des droits de l’homme s’est exprimée pour la première fois sur l’interdiction de l’abattage rituel sans étourdissement. Verdict: cette loi n’est pas discriminatoire et respecte le droit à la liberté de religion.
L'exécutif des musulmans de Belgique ne l'entend pas de cette oreille: "La communauté musulmane de Belgique s’inquiète et se demande jusqu’où vont encore aller ces restrictions concernant leurs libertés religieuses qui renforcent, par ailleurs, le sentiment de rejet et le traitement discriminatoire dont elle est victime."
Pour d’autres, comme l'organisation de défense des animaux Gaïa, c’est l’aboutissement de plusieurs mois de travail.
"Scientifiquement, il y a un consensus qui dit que les animaux étourdis avant d'être abattus souffrent moins. Et maintenant, juridiquement, on a une preuve supplémentaire qu'on peut y aller, qu'il n'y a pas de violation de la liberté de culte, qu'il n'y a pas de discrimination. Donc, pour le bien-être des animaux, il faut continuer ce combat à Bruxelles", s'est exprimé Jonathan de Patoul, vétérinaire et député au Parlement bruxellois.
Au nord comme au sud du pays, il est obligatoire depuis 2019 d'étourdir les moutons et bovins avant de les abattre pour produire de la viande halal ou casher. À Bruxelles, cela n'est pas encore d'actualité, même si une tentative avait été faite en 2022. Mais avec le doute relatif à la discrimination levé, la question devrait bientôt être remise à l'ordre du jour.
"Un nouveau code sur le bien-être animal va être déposé dans quelques semaines au parlement bruxellois. Une série de nouvelles règles qui visent à mieux protéger le bien-être animal. Ce point avait été suspendu (NDLR: l'interdiction d'abattage sans étourdissement) parce que dans le gouvernement, tout le monde n'était pas d'accord là-dessus. Peut-être que le Parlement se repenchera sur la question quand il examinera le nouveau code dans quelques semaines", avance Bernard Clerfayt, ministre bruxellois du bien-être animal.
Découragés, les abattoirs d'Anderlecht ont annoncé cet été mettre fin à toute activité d’ici 2028.


















