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Bart De Wever, Premier ministre en poste depuis 100 jours, dresse son premier bilan dans une interview exclusive accordée à Martin Buxant pour RTL info. Situation de Bruxelles, dette publique, sécurité nationale... il répond sans détour.
Bruxelles : "Ils sont très proches du précipice"
Un an après les élections régionales, Bruxelles reste sans gouvernement. Une situation que Bart De Wever juge inacceptable. "Les partis de gauche à Bruxelles jouent des jeux politiques sans fin", accuse-t-il, estimant que ces blocages sont responsables d’une paralysie institutionnelle dangereuse et "irresponsable".
"Ils sont très proches du précipice", alerte Bart De Wever. Le Premier ministre se dit inquiet du niveau d’endettement de la région : "Ils vont évoluer vers une dette de presque 300 % de leur budget. C’est scandaleux". Il craint, dans le court terme, à une faillite : "On pourrait être confronté à court terme avec une situation où la région ne peut plus se financer, qu'ils sont vraiment en faillite et que je les attends ici pour les sauver". Le Premier ministre ne pense pas à une aide, mais plutôt à "une tutelle", bien que la loi spéciale ne prévoit pas réellement de mécanisme pour pouvoir le faire.
Il prévient : toute intervention du fédéral sera conditionnée à des mesures strictes d’assainissement. "Je me comporterai comme le FMI", affirme-t-il.
Dette publique : "Le cadeau de départ de la Vivaldi était le pire budget du monde occidental"
Bart De Wever ne mâche pas ses mots quand il revient sur l’héritage budgétaire du gouvernement précédent, "le pire budget du monde occidental".
"À politique inchangée, on aurait eu un déficit de 45 milliards d'euros en 2029, soit plus de 6 % du PIB. On allait tomber en faillite", lance-t-il.
Le Premier ministre estime qu'il faut des efforts "titanesques" pour redresser les finances, mais reconnaît que cela prendra du temps : "Ce sera un travail de 10 à 15 ans. Si on allait trop vite, on détruirait l’économie."
Le moment le plus difficile : "J'ai quitté ma zone de confort pour venir à Bruxelles"
Le meilleur moment de ces 100 derniers jours est, pour Bart De Wever, "le jour où on a pu conclure l'accord de Pâques". A l'inverse, le plus difficile : "Quand j'ai reçu une photo de ma collaboratrice qui venait de vider mon bureau à l'hôtel de ville d'Anvers".
"J'étais dans une situation confortable et j'ai quitté ma zone de confort pour venir à Bruxelles qui est loin d'être une zone de confort", confie-t-il.
S’il affirme dormir chaque nuit à Anvers, il justifie son engagement fédéral par un devoir : "Le Flamand a voté pour le changement. Et même au sud du pays, ce fut une surprise : les Wallons aussi ont voté pour le changement." Il y a vu une opportunité d'engager des réformes au niveau fédéral. "Il fallait le faire, c'était mon devoir", admet-il.
Ukraine : "Chaque euro dépensé est un euro pour notre sécurité"
Bart De Wever éprouve du respect pour le président ukrainien, mais plus encore pour les Ukrainiens : "C’est un peuple qui se bat pour la liberté, qui souffre, qui fait des sacrifices aussi pour nos valeurs et pour notre sécurité", insiste-t-il.
"Si les Ukrainiens avaient abandonné la lutte comme Poutine l'attendait, en 10 jours, les chars russes auraient déjà été à la frontière avec la Pologne, avec la frontière de l'OTAN et on serait en très grave difficulté", estime le Premier ministre.
À ceux qui contestent les dépenses liées à cette guerre, il répond sans détour : "Je peux le comprendre, mais ils se trompent. Chaque euro dépensé dans la sécurité de l'Ukraine est un euro pour notre sécurité."
Il voit dans l’aide militaire à Kiev une priorité stratégique : "Les braves Ukrainiens nous achètent du temps pour renforcer notre sécurité parce qu'au niveau européen, on était dans une situation depuis 30 ans où on pouvait négliger la défense et cela prendra quelques années".
La Belgique, dit-il, respectera aussi son engagement envers l’OTAN : consacrer 2 % du PIB à la défense, même si cela représente un "travail infernal" à réaliser en un an. Et d’ajouter : "En juin, après le sommet de l’OTAN à La Haye, on verra si on doit aller au-delà."
Donald Trump : "Plein de mauvaises surprises"
Bart De Wever qui a toujours été plutôt pro-américain, a-t-il été refroidi par le comportement de Donald Trump? "Non", répond-il fermement, sans hésiter. "Je suis atlantiste, et l’atlantisme est plus grand que Trump", affirme-t-il. Mais il l'admet : "Il est plein de surprises, surtout de mauvaises surprises".
Il critique notamment la vision économique de l’ancien président américain : "Le fait qu’il croie au protectionnisme me dépasse." Pour lui, malgré les tensions, les États-Unis restent un allié incontournable, mais l’Europe doit gagner en autonomie : "Devenir plus indépendant prendra du temps."
Dans cet interview exclusive avec Bart De Wever, sont également abordés les sujets suivants :
- La formation du gouvernement
- L'accord de Pâques
- Les réformes économiques et sociales
- La concertation sociale et les grèves
- La situation à Gaza et la reconnaissance de la Palestine
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