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Le gouvernement fédéral ne s’est pas accordé mardi sur le futur objectif attendu de l’OTAN en matière de dépenses affectées à la Défense. Un accord a été conclu sur une Vision stratégique pour la Défense reposant sur 2 % du PIB jusqu’en 2033 et 2,5 % en 2034, des chiffres toutefois bien éloignés de ce qui sera décidé mercredi à La Haye entre les Alliés, soit 5 % du PIB d’ici 2035. Une évaluation suivra après le sommet, a-t-on indiqué à l’issue d’une réunion du comité ministériel restreint.
À notre micro, le Premier ministre Bart De Wever est revenu sur cet accord trouvé. « Rien n’est jamais facile en Belgique. En 2014, Elio Di Rupo avait promis les 2 %, ça n’a jamais été fait. La Belgique a toujours été le mauvais élève de la classe au niveau de l’OTAN », explique-t-il. « C’était nécessaire d’arriver à ces 2 % et les rendre crédibles. On sait combien on va dépenser et comment le dépenser. C’était le minimum pour participer au sommet de l’OTAN de manière crédible ».
Malgré que les 5 % demandés par l’OTAN ne soient pas encore atteints, Bart De Wever tient à souligner l’accord « historique » que représente cette montée à 2 %. « Cet accord prévoit plus de 30 milliards d’investissement. Pour la première fois, nous aurons une Défense crédible ».
De quoi satisfaire Donald Trump, qui avait prévenu qu’il ne viendrait pas au secours des pays qui ne faisaient pas d’efforts ? « C’est toujours difficile de deviner ce que va dire et penser Monsieur Trump… s’il dit quelque chose là-dessus, cela reste à voir ».
Retour sur la journée d’accord
Le gouvernement s’est réuni en comité restreint sur l’heure de midi pour accorder ses violons sur le sujet. Depuis plusieurs jours, la future norme de dépense de l’OTAN échauffe les esprits au sein de la majorité. L’accord de majorité prévoyait d’arriver à 2 % du PIB en 2029. Quelques semaines plus tard, le gouvernement a décidé d’atteindre ces 2 % dès 2025 au vu des bouleversements géopolitiques qui ont suivi l’investiture de Donald Trump. L’effort est considérable, pas moins de 3,7 milliards d’euros cette année dans un contexte budgétaire déjà très rigoureux. Mercredi, la barre sera encore relevée par les Alliés : 3,5 % du PIB en dépenses militaires et 1,5 % en dépenses de résilience (infrastructure, cybersécurité, etc.) d’ici 2035. Au sein de la majorité, tant au MR que chez Vooruit et au CD&V, l’effort a été jugé irréaliste et intenable.
La réunion s’est achevée vers 15h30, peu avant le départ du Premier ministre Bart De Wever à La Haye. « Il y a un accord sur une Vision stratégique qui s’inscrira dans un cadre budgétaire crédible et réaliste : 2 % du PIB jusqu’en 2033. C’est une ligne importante, que nous maintenons », a expliqué le ministre du Budget, Vincent Van Peteghem (CD&V). « Il y a aussi une attention importante accordée à la coordination européenne. Les efforts supplémentaires que nous fournissons, et il y en a beaucoup, devront se faire de manière efficace dans un cadre européen ».
Le ministre de la Défense, Theo Francken, s’est toutefois déclaré « très content » du résultat de la réunion : après les plans stratégiques de ses prédécesseurs d’environ 10 milliards d’euros, il est parvenu à obtenir un accord sur 34 milliards d’euros de ses partenaires, a-t-il affirmé… mais pas sur les F-35 supplémentaires qu’il souhaite acquérir. Une absence qu’il a toutefois minimisée : sur les 34 milliards, ce n’est qu’un milliard, a-t-il fait remarquer. « Nous rendons nos forces armées à nouveau fortes et notre société à nouveau résiliente », a-t-il expliqué dans un post sur X.
Le point ne sera manifestement débloqué que lorsque Vooruit aura obtenu ses apaisements sur la taxe des plus-values financières. « Une décision budgétaire aussi lourde ne peut être prise à la légère, surtout s’il n’y a pas encore d’accord au sein du gouvernement pour que les épaules les plus solides apportent leur contribution à tous les efforts que nous demandons à la population », a souligné le vice-Premier ministre, Frank Vandenbroucke.


















