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Ryanair au cœur d’un clash personnel entre le MR et le PS : « Il veut passer pour quelqu’un qui comprend l’économie »

Par RTL info avec Belga
Par l’intermédiaire des réseaux sociaux, les personnalités du Mouvement Réformateur et Thomas Dermine se livrent un vrai combat sur la nouvelle taxe imposée à l’aéroport de Charleroi.

La volonté de Ryanair de réduire la voilure en Belgique, en représailles à la hausse de la taxe fédérale sur les billets d’avion et à la taxe communale défendue par Charleroi, a mené à une passe d’armes, mardi, entre le MR et le bourgmestre socialiste de la Ville, Thomas Dermine.

Premier acte

Dans une réaction à Belga, le ministre-président wallon, Adrien Dolimont estime que « trop de taxes tue la taxe ». Dans son viseur : la taxe communale de trois euros par passager que Charleroi compte imposer à BSCA (Brussels South Charleroi Airport) afin de renflouer ses caisses.

« Faire croire que cette taxe ne se répercutera pas sur le passager traduit un manque de connaissance complet du business », estime le libéral, en assurant que le gouvernement régional « activera tous les leviers disponibles pour tenter de bloquer cette taxe Dermine ».

Quant à la taxe fédérale – défendue par le gouvernement dont fait partie le MR, ndlr – « elle a une portée environnementale et veut donc impacter le comportement des consommateurs dans un objectif de diminution de l’impact CO2 notamment », défend-il. Néanmoins, « il faut être prudent avec les montants : en moins de six mois, nous sommes passés de deux à dix euros, ce qui est important », admet le ministre-président régional.

Deuxième acte

La Ville de Charleroi souhaite, dans un communiqué, « rétablir les faits et apporter plusieurs clarifications ». « Contrairement à ce qui a été affirmé, la contribution communale ne touche ni les passagers ni les compagnies aériennes. Elle vise uniquement l’exploitant aéroportuaire (BSCA), qui réalise un bénéfice net avant impôts de 25 millions d’euros, lui permettant d’absorber largement cette mesure », explique-t-elle.

« Si cette marge bénéficiaire n’est pas taxée au niveau communal, elle est reversée après impôts à 100 % en dividendes, comme prévu par le pacte d’actionnaires de BSCA, dont 48,2 % reviennent à un groupe italien privé. Pour 2025, cela représenterait un montant de 9,2 millions d’euros », ajoute la Ville.

« Donc, quand le ministre-président wallon s’oppose à la redevance communale de Charleroi sur BSCA, il favorise les intérêts et les dividendes d’un groupe privé basé en dehors de la Wallonie, au détriment de l’intérêt financier légitime de la plus grande ville de sa Région. À l’inverse, la taxe fédérale est non seulement trois fois plus élevée (10 euros contre 3 euros par passager), mais elle vise directement les passagers, et donc les compagnies aériennes comme Ryanair », poursuit-elle.

La Ville s’étonne dès lors « que ce soit la contribution carolo qui concentre les critiques du ministre-président, et non la taxe décidée par le Fédéral, dont son propre parti, le MR, est la composante francophone principale. Son partenaire de coalition, Les Engagés, est d’ailleurs solidaire de la décision prise au niveau communal de Charleroi ».

Selon les autorités communales, Adrien Dolimont « connaissait par ailleurs cette mesure depuis le début des discussions liées au Plan Oxygène. Le Plan de gestion de la Ville de Charleroi a été validé en avril 2025 par l’ensemble du gouvernement wallon et reprenait in extenso la contribution de l’aéroport au plan de redressement des finances communales », assurent-elles encore.

« Plutôt que de déplacer le débat sur le versant communal, M. Dolimont ferait mieux d’affronter la véritable montagne de taxes fédérales que le gouvernement Arizona fait peser sur les citoyens et sur l’économie wallonne. Cette montagne-là n’épargne ni les citoyens, ni les passagers, ni les compagnies, ni l’économie wallonne », assène encore la Ville, en appelant le ministre-président « à porter la voix de la Wallonie au niveau fédéral, là où les décisions majeures se prennent souvent au détriment de la Wallonie – et où son parti siège aux côtés des Engagés ».

Troisième acte

Sur les réseaux sociaux, Thomas Dermine s’est fait alpaguer par le président du MR, Georges-Louis Bouchez. « L’économie selon le @PSofficiel. Et donc, monsieur le consultant peut-il nous expliquer par quel effet magique l’aéroport peut payer cette taxe sans impacter les passagers et les compagnies ? Et dire qu’il veut passer pour quelqu’un qui a compris l’économie », a mouché le président des libéraux francophones.

« Bah je sais pas moi… par exemple en réduisant sa marge bénéficiaire qui est de 25 millions d’euros avant impôts en 2025. Je savais que Monsieur était juriste mais quand même… », lui a répondu, non sans malice, Thomas Dermine.

« Le Mr ’no-tax’ en chocolat a fait passer une taxe de 10 euros par passager au fédéral qui risque d’impacter Bruxelles et Charleroi et, plutôt que de l’assumer comme un grand, il cherche un méchant socialiste comme bouc émissaire », a-t-il ajouté.

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