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La directrice générale des établissements pénitentiaires lance un appel à l'aide. Il faut, dit-elle, trouver des solutions à la surpopulation carcérale. Pour nous le prouver, elle nous invite à la suivre exceptionnellement à l'intérieur de la prison de Huy.
À peine la porte franchie, le ton est donné. Les pièces sont exiguës et décrépies. La prison de Huy est engorgée. Ici, la gestion de la surpopulation carcérale devient chaque jour plus complexe.
"Il y a parfois des profils un peu particuliers qu'on ne sait pas laisser avec d'autres personnes. Ça veut dire qu'on concentre les autres détenus dans d'autres cellules et là, évidemment, il y a des tensions. Quand il y a des bagarres, le personnel est mis en insécurité puisqu'il doit intervenir, et ça arrive de plus en plus souvent", explique Valérie Havart, directrice de la prison de Huy.
Ce sont des conditions où le personnel doit travailler, où les détenus doivent les aider, et ce n'est plus acceptable
Ici, 90 détenus se partagent 64 places disponibles. Pour y faire face, les chambres individuelles ont été transformées pour accueillir deux personnes. Certaines font 10 mètres carrés et accueillent... 3 prisonniers. "On n'a pas d'autre choix que de mettre des lits superposés d'un côté et juste la place pour un autre lit de ce côté-ci", nous montre la directrice.
Mathilde Steenbergen, directrice générale des établissements pénitentiaires, s'inquiète : "Quand je reviens dans une cellule comme ça, ça fait quelque chose parce que ce sont des conditions où le personnel doit travailler, où les détenus doivent les aider, et ce n'est plus acceptable".
"On n'a pas de place"
La situation ne cesse de se dégrader dans les prisons du pays. Pour seulement 11. 040 places disponibles, il y a 13. 000 prisonniers, soit près de 2.000 places manquantes. "On n'a pas de place dans les centres fermés pour les personnes sans droit de séjour", ajoute-t-elle. "Ils restent plus longtemps dans la prison. On n'a pas de place pour des gens avec un problème de santé mentale. Alors les internés restent dans la prison. Pour l'instant, on est un peu la poubelle des autres".
Le comité de direction du SPF Justice lance aujourd'hui un appel au gouvernement fédéral, avec cinq mesures cruciales : il faut réduire la surpopulation carcérale, améliorer la sécurité du personnel et le budget, rassembler les partenaires et relancer le débat sur les niveaux de peine de toute urgence.
"Les prisons, ça coûte énormément d'argent. C'est nous tous qui devons le payer. On doit aussi se poser la question, est-ce qu'on veut payer toutes nos taxes pour ça, pour quelque chose qui n'apporte rien pour l'instant ?", questionne Mathilde Steenbergen.
Notre visite prend fin dans la cellule d'isolement, autrement dit le cachot. Lorsque la prison est saturée, cet espace sert parfois de chambre.


















