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15 tonnes de fientes de poules chaque jour: voici comment Ludovic fabrique sa propre énergie et réinjecte le reste dans le réseau

Un agriculteur de Dordogne en France fait rouler ses tracteurs à la bouse de vache. Il a installé une centrale de biométhanisation sur son exploitation : une technologie qui permet de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre mais aussi sa production de déchets agricoles. Comment fonctionne ce procédé ? Où en sommes-nous en Wallonie ? 

C’est l’heure de faire le plein pour Bertrand Guérin. Pour remplir le réservoir de son tracteur, rien de plus facile : cet éleveur français vient d’inaugurer une station-service sur son exploitation. C’est que Bertrand ne produit pas que du lait, il est aussi méthaniseur. 

"C’est un peu le puits de pétrole, c’est là où arrive le lisier, celui qu’on va méthaniser ensuite et qui produira notre gaz, notre biogaz", explique-t-il.

Un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le Co2

Comme tous les bovins, lorsqu’elles se soulagent, les vaches de Bertrand produisent du méthane : un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le Co2. Une fois transformées dans des cuves de biométhanisation, leurs bouses peuvent devenir à la place, une source d’énergie. 

Ce méthane, on l’utilise comme énergie

"On a choisi de ne pas les stocker et de les mettre en fermentation tout de suite, c’est ce qu’on appelle la méthanisation, et donc cette fermentation fait s’exprimer au travers de bactéries la production de méthane et ce méthane, on l’utilise comme énergie", éclaire encore l’agriculteur.

La biométhanisation peut avoir plein d’autres applications.

Ludovic Piérart possède un élevage de poule à Fleurus, dans le Hainaut. Ici, 130.000 volailles sont confinées pour cause de grippe aviaire. Elles produisent chaque jour 15 tonnes de fientes. 

"Tous les deux jours, on remplit les bennes et elles montent directement en synergie et puis elles sont rentrées dans le digesteur", précise Ludovic.

Dans cette centrale de méthanisation accolée à l’exploitation, la fiente de volaille rejoint d’autres déchets. "Des déchets de pois, du fumier, des déchets de pommes de terre, c’est notre matière première", pointe-t-il.

Cette matière est intégrée dans d’immenses digesteurs enterrés dans le sol, à 6 m de profondeur et 36 m de diamètre. Ces estomacs géants produisent un gaz qui permet à Ludovic d’être entièrement indépendant énergétiquement. Son exploitation ne consomme qu’un 15ième de l’énergie disponible.

La production renouvelable permet d’avoir une indépendance énergétique, il y a un vrai engouement

"Aujourd’hui avec ce gaz, on a trois applications différentes : faire tourner les moteurs pour faire de l’électricité. Ces moteurs sont refroidis avec de l’eau pour faire l’eau chaude. On a aussi un séchoir de matières agricoles qui est ici sur place. Et on peut aussi faire du gaz naturel et le réinjecter dans le réseau".

Une fois digérés, les déchets sont à nouveau récupérés sous forme d’un fertilisant liquide. "On appelle ça du digestat, c’est un engrais organique naturel qu’on répand sur les champs et on arrive à remplacer notre engrais chimique".

Réduction des déchets, production d’énergie locale, la biométhanisation séduit de plus en plus chez nous. 

"Avec la crise du gaz que nous subissons encore actuellement, la production renouvelable permet d’avoir une indépendance énergétique et donc il y a un vrai engouement qui va se traduire. Il y a évidemment un décalage temporel, il faudra attendre encore peut-être trois, quatre ans, pour voir beaucoup plus de projets sortir de terre", souligne Michel Guerlus, chef de projet bioénergies chez Valbiom, la plateforme wallonne de promotion de la biomasse.

On compte aujourd’hui 55 installations de biométhanisation, en Wallonie. 

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Commentaires

3 commentaires

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  • 100% d'accord, j'ai d'ailleurs moi-même installé des panneaux solaires mais ils sont sur une installation électrique indépendante non raccordée au réseau, je n'ai pas envie de payer pour donner l'électricité que j'ai produite, j'utilise et je stocke dans des batteries, ce qui est en surplus est perdu, la faute aux taxes.

    Mick Mick
  • Réinjecter dans le réseau est-il une bonne idée ? Il va se faire taxer, c'est tout ce qu'il obtiendra. On est en Belgique, ne l'oublions pas !

    roger rabbit
     Répondre
  • 15 tonnes de fientes par jour avec 130.000 poules, plus une installation digne d'un pétrolier pratiquement, sur combien de décennies, cela est-il amorti par rapport aux investissements initiaux. Dommage que le journaliste ne fait pas son travail d'investigation jusqu'au bout et d'exposer les chiffres concrets de rentabilité si rentabilité il y a.

    Jérôme F-C
     Répondre