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Béatification du roi Baudouin: un "énorme problème" pour l'Église catholique belge, à cause de sa "tache noire"

Le pape, après sa visite en Belgique en septembre dernier, a décidé de béatifier le roi Baudouin, figure controversée de l'histoire belge, notamment à cause de l'assassinat de Patrice Lumumba au Congo et son refus de signer une loi sur la dépénalisation partielle de l'avortement. Une béatification qui ne met pas tout le monde d'accord, surtout au sein de l'Église catholique belge.

Le processus de béatification du roi Baudouin a été initiée le 17 décembre, après son annonce en septembre dernier, lors de la visite du pape François en Belgique. Le cinquième roi des Belges, qui règna de 1951 jusqu'à sa mort en 1993, avait déclaré son impossibilité de régner durant 36 heures en 1990, pour ne pas signer un projet de loi sur la dépénalisation partielle de l'avortement.

Le pape François s'était rendu sur la tombe du roi Baudouin dans la crypte royale à Laeken, en soulignant le "courage" du souverain lorsque ce dernier a choisi de "quitter sa place de Roi pour ne pas signer une loi meurtrière". Une commission du Vatican va donc se pencher sur le cas du roi Baudouin pour savoir si oui ou non il mérite de devenir Saint Baudouin.

Interrogé sur la question, Gabriel Ringlet, prêtre catholique et ancien vice-recteur de l'UCLouvain, a un avis très tranché. Il s'oppose à la position papale : "Je pense que ça pose un énorme problème", lance-t-il d'entrée de jeu au micro de Christophe Deborsu. "Baudouin a certainement des qualités, mais il a aussi une tache noire très très importante, avec Lumumba, avec ce qui s'est passé en Afrique", reconnaît le prêtre, invité de 7h50 sur bel RTL Matin.

Décision que les évêques belges ne souhaitaient pas du tout

En 1960, au Congo, Patrice Lumumba, premier ministre, est assassiné avec la complicité de la Belgique. "Je viens de lire ces jours-ci une déclaration du grand cardinal africain, qui est le primat de l'église du Congo, qui dit : 'Pourquoi pas cette béatification', mais je vous rappelle quand même, l'expression est de lui, qu'il y a une fameuse tâche noire dans le curriculum de ce roi, d'où je trouve que cette décision du pape, finalement, va beaucoup beaucoup embêter les évêques belges, qui ne le souhaitaient pas du tout", révèle-t-il.

Une "figure de résistance"

L'Église catholique se désolidarise de la vision du pape sur le roi Baudouin à cause de cet assassinat. Sur la question de l'avortement, Gabriel Ringlet ne se positionne pas, mais explique la vision du pape : "Pour lui, c'est une figure magnifique de résistance. Mais je pense que c'est exactement cela que veut dire le pape, ça fait partie de son combat contre l'avortement", explique l'ancien vice-recteur de l'UCLouvain. "C'est très politique, en fait", conclut-il.

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