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"Je ne fais plus du tout attention à moi": les confidences poignantes de Gianni, l'un des 10.000 SDF comptabilisés à Bruxelles

Ils sont près de 10.000 SDF à Bruxelles, chiffre qui regroupe ceux qui dorment dans la rue et ceux qui sont hébergés dans des centres, dans des structures, ou parfois chez des proches. Ce nombre a augmenté de 25 % en 2 ans. Plusieurs facteurs l'expliquent.

Depuis une semaine, Gianni passe ses journées et ses nuits à la gare centrale de Bruxelles. Un endroit où les voyageurs se croisent sans jamais vraiment s'arrêter. Et pourtant, ce lieu lui offre un certain réconfort.

"Il y a beaucoup de touristes, raconte Gianni. C’est triste, ce n'est pas que du profit, mais on m’offre facilement ma bière, on m’offre facilement à manger".

Alcoolique et ancien toxicomane, cet homme de 35 ans peine à sortir de la rue. "Je suis dégueulasse… On va peut-être me couper un doigt. J’ai une main à moitié paralysée. Je ne fais vraiment plus du tout attention à moi depuis au moins 8 mois. Ça devient dur", confie-t-il. 

Gianni fait partie des 9.777 personnes sans-abri ou sans chez-soi recensées en région de Bruxelles-Capitale. Parmi elles, 992 personnes en rue, près de 22 % de plus qu'il y a deux ans. Un comptage réalisé dans la nuit du 6 au 7 novembre, qui compile les données des acteurs de terrain.

"On est face à une diffusion vers des communes périphériques, avec de très fortes concentrations à proximité des gares, constate Adèle Pierre, chercheuse à l’observatoire de Bruss’help. Parce que c'est aussi là que se trouvent la plupart des services. Les maraudes se rendent aussi dans les métros à proximité des gares pour aider ces personnes".

Cette augmentation est liée à la crise économique, la crise migratoire, mais aussi la pénurie de logements dans la capitale.

Depuis 2011, Sam dit ne pas avoir trouvé d'appartement à bas prix. Il a donc sa propre stratégie pour passer ses nuits : "Je reste propre le maximum et je vais dans des cafés normaux. Mais le problème, dès qu'on a un coup de pompe, on vous vire, parce qu'on ne peut pas dormir dans les cafés. Donc j'essaie toute la nuit de rester éveillé".

Le jour, il se rend dans des centres d'hébergement. L'association "L'îlot", par exemple, offre des services de première nécessité aux personnes sans-abri et les accompagne pour sortir de la précarité. Une mission de plus en plus difficile à accomplir.

"On n'arrive plus à orienter les personnes vers des logements dont les loyers sont adaptés aux revenus des personnes, déplore Ariane Dierickx, directrice générale de l’ASBL l’îlot. Et donc ça, c'est catastrophique parce que ça veut dire que les personnes tournent dans les services chez nous. La durée d'hébergement d'une personne, quand on arrive à l'accueillir chez nous, est beaucoup plus longue que par le passé. On peut, du coup, en accueillir moins".

Pour 4 personnes sans-abri sur 10, il n'existe aucune solution rapide pour les aider à s'en sortir.

 

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