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L'interdiction du travail de nuit sera supprimée par le gouvernement Arizona. Et le travail de nuit commencera désormais à partir de minuit, au lieu de 20 heures actuellement, sans perte de pouvoir d'achat pour le travailleur qui travaille déjà aujourd'hui entre 20 heures et minuit. Explications.
C'est une petite révolution qui va impacter les milliers de personnes qui travaillent le soir et le week-end. L'interdiction du travail de nuit sera supprimée, de même que le jour de fermeture obligatoire prévu par la loi.
La réglementation sur les heures d'ouverture sera assouplie. Le travail de nuit dans la distribution et les secteurs connexes commencera désormais à partir de minuit, au lieu de 20 heures actuellement, sans perte de pouvoir d'achat pour le travailleur qui travaille déjà aujourd'hui entre 20 heures et minuit.
Il sera aussi possible d'annualiser le temps de travail ou d'opter pour un horaire accordéon. Exemple : une vendeuse pourrait travailler 50h par semaine en décembre, car il s'agit d'une période chargée. Mais, elle pourrait récupérer dans les moments plus creux où elle ne travaillerait plus que 20h par semaine.
Comme la Vivaldi, l'Arizona veut atteindre un taux d'emploi de 80 %, non pas d'ici à 2030, mais 2029. L'objectif de ces mesures est de diminuer les prestations sociales, et de faire des économies.
Plus aucun rapport de force vis-à-vis d’un employeur
Le gouvernement veut intensifier la flexibilité de l'emploi. "C’est indispensable. Si le marché du travail veut évoluer, et si les employés et les travailleurs veulent évoluer. Maintenant, il va falloir voir comment on va le faire", indique Jean-Philippe Cordier, avocat spécialisé dans le droit du travail.
Pour Thierry Bodson, président de la FGTB, c'est une remise en cause totale des acquis sociaux. "On n’a plus aucun rapport de force vis-à-vis d’un employeur pour lui dire ‘Puisque tu souhaites faire travailler les travailleurs à des heures incongrues ou le dimanche, il va falloir payer’. Ici, les employeurs vont nous dire que ‘C’est une journée habituelle’, donc il n’y a aucune raison de négocier un sursalaire."
Un autre aspect doit être pris en compte : la charge émotionnelle et physique des travailleurs de nuit. Si vous travaillez de jour, vous dormez la nuit. L'inverse n'est pas toujours le cas. "Ceux qui travaillent la nuit doivent inverser purement et simplement leur état d’esprit. Car travailler la nuit impose de se reposer en journée. Or, se reposer en journée, ce n’est pas une habitude. Il faudra à un moment donné une révolution dans les esprits des travailleurs", ajoute Jean-Philippe Cordier. Avec la possibilité d'obtenir des avantages comme des jours de récupération supplémentaires.
C'est un risque
Avec ces modifications annoncées, le risque n'est-il pas de voir les travailleurs renoncer au travail de nuit ou les jours fériés, car il n'y aura pas d'avantages ? "C'est un risque. Ils pourraient dire qu'ils préfèrent travailler dans des secteurs ou dans des entreprises où il y aura du sursalaire. L'objectif du gouvernement dans son accord est d'essayer d'éviter cette surcharge salariale et d'essayer d'avoir plus de flexibilité, c'est-à-dire permettre aux travailleurs, qui peut-être travaillaient en journée, de travailler maintenant la nuit, le week-end, ce qui permet d'avoir du temps libre à d'autres moments de la semaine", indique Jean-Philippe Cordier.
Pour Thierry Bodson, repousser le travail de nuit de 20h à minuit est intolérable. "Je ne peux pas le comprendre pour des raisons de rémunération, mais aussi, car il y a de très nombreuses études qui démontrent que quand on travaille tard le soir (de 20h à minuit), cela a un impact négatif sur la santé des travailleurs. De nouveau, tout cela, sans qu'il n'y ait pas de compensation derrière."
Pour Thierry Bodson, obtenir des modifications à ces mesures sera très compliqué. "Quand on s'assied à la table des négociations en groupe des dix pour un accord interprofessionnel, on parle de salaire, d'heures supplémentaires, de flexibilité, de la formation des travailleurs, des fins de carrières. Et toutes les matières que je viens de citer sont cadenassées dans l'accord de gouvernement avec une possibilité de concertation qui n'existe plus", regrette le président de la FGTB.


















