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Peter, entrepreneur belge, a perdu 300.000 euros à cause d’une fraude sur WhatsApp : « J’ai senti que quelque chose n’allait pas, mais… »

Par RTL info
Séduit sur WhatsApp par une fausse entrepreneuse, Peter, 67 ans, a perdu 300.000 €, sa maison et son couple dans une arnaque crypto implacable. Il raconte son calvaire dans un livre pour alerter d’autres victimes potentielles.

Les arnaques en ligne sont de plus en plus fréquentes. Chaque semaine, ou presque, nous recevons des témoignages de Belges qui ont perdu de l’argent suite à une escroquerie numérique, via des sites frauduleux ou via les réseaux sociaux. Les voleurs font preuve de plus en plus d’imagination et avec le développement de l’intelligence artificielle, il est parfois difficile de dissocier le vrai du faux face aux arnaqueurs.

Écrivain belge, Peter, 67 ans raconte dans son nouveau livre, intitulé « Escroqué », comment sa vie a basculé en seulement trois mois à cause d’une arnaque parfaitement construite par une inconnue sur l’application très prisée des Belges, WhatsApp.

Jusqu’au printemps 2024, Peter menait une vie stable et sereine. « J’ai toujours beaucoup travaillé », explique-t-il à nos confrères de Het Laatste Nieuws. Consultant, entrepreneur, il avait créé et revendu plusieurs sociétés. Marié depuis dix ans à sa seconde épouse, père de trois enfants, il se préparait à une retraite paisible. Avec sa femme, il rêvait de construire une tiny house autonome en Espagne. Un rêve parti en fumée.

Il investit dans la cryptomonnaie

Tout a commencé le 19 mars 2024, lorsqu’il reçoit un message WhatsApp d’un numéro inconnu. « Une femme de Londres m’a écrit : « Je suis entrepreneuse, je veux investir en Belgique et je cherche des contacts locaux. » Le message était poli, professionnel et sans faute. Rien ne laissait croire à une arnaque. » D’abord méfiant, il ne répond pas, mais quelques jours plus tard, la femme reprend contact avec lui. La conversation s’installe : ils parlent d’entrepreneuriat, de culture, de voyages. « C’était sincère. Il n’était jamais question d’argent. »

Après une dizaine de jours, la femme en question aborde le sujet des cryptomonnaies. « Elle m’a demandé si j’avais déjà envisagé d’investir dans la crypto. Elle savait que je travaillais sur ma maison en Espagne et m’a expliqué que la crypto pouvait financer le projet avec un bon rendement. Elle paraissait crédible, professionnelle. Ça semblait logique d’essayer. » Peter investit 1.000 euros via TrustWallet, une plateforme qu’il croit authentique, mais qui s’avère être une imitation frauduleuse. Il voit pourtant ses rendements grimper, les graphiques monter. « Quand elle m’a conseillé d’investir davantage, je l’ai fait. J’en suis arrivé à 80.000 euros. J’avais pourtant dit que c’était ma limite. »

Jusque-là, elle était toujours amicale et de bon conseil. Mais soudain, elle m’a dit que, pour récupérer mon argent, je devais d’abord verser un montant supplémentaire
Peter

Lorsqu’il veut arrêter, le ton change. « Jusque-là, elle était toujours amicale et de bon conseil. Mais soudain, elle m’a dit que, pour récupérer mon argent, je devais d’abord verser un montant supplémentaire, prétendu pour des contrôles anti-blanchiment. C’était étrange. J’ai senti que quelque chose n’allait pas. Mais on ne veut pas perdre son argent, alors on continue, contre toute raison. » Pendant trois mois, Peter multiplie les versements, contracte même des prêts pour tenter de sauver ses investissements. Au total, 300.000 euros disparaissent. « Tout était fictif : les sites, les rendements. Les fraudeurs avaient mes codes et transféraient l’argent directement sur leurs comptes. »

L’escroquerie ne s’arrêtait pas là : la femme elle-même n’existait pas. Elle utilisait des photos volées, plusieurs numéros, toujours avec une excuse pour ne pas le rencontrer. « Je ne l’ai jamais vue. Mais elle savait comment inspirer confiance. » La femme de Peter, elle, n’était au courant de rien. « Je savais que ça n’allait pas, mais je n’osais pas l’admettre. On a honte. On ne veut pas qu’on sache qu’on s’est fait avoir. Jusqu’au jour où elle a regardé mon téléphone. Alors, tout s’est arrêté. » Ce jour-là, Peter perd non seulement son argent, mais aussi son couple. « Ma femme ne voulait plus rester avec moi. J’ai tout perdu : mon épargne, mes projets, ma compagne. »

Une plainte déposée

Après la rupture, il se retire en France, dans une maison qu’il louait jusque-là. « J’avais juste de quoi survivre. Ensuite, je suis allé vivre chez mon fils, dans son abri de jardin, avec six euros par jour pour vivre. C’est dur, quand on a toujours été autonome et qu’on a aidé les autres. »

La honte était grande, mais je ne voulais pas que d’autres vivent la même chose. Beaucoup de victimes se disent : c’est ma faute. Mais c’est justement ce silence qui rend les fraudeurs plus forts
Peter

Peter a déposé plainte et consulté un avocat. « Il m’a dit que la chance de revoir votre argent était inférieure à 5 %. Sans moyens pour financer des procédures, Peter reste endetté. Sa maison en France est mise en vente, il vit aujourd’hui au strict minimum.

Aujourd’hui, Peter ne veut pas se terrer dans la honte et veut partager son histoire, pour mettre en garde les gens autour de lui. « La honte était grande, mais je ne voulais pas que d’autres vivent la même chose. Beaucoup de victimes se disent : c’est ma faute. Mais c’est justement ce silence qui rend les fraudeurs plus forts. »

Peter se montre désormais extrêmement vigilant. « Je ne clique plus sur rien, je ne réponds pas à des numéros inconnus. Et pourtant, je sais que cela peut encore arriver : les techniques évoluent à une vitesse folle, surtout avec l’intelligence artificielle. Il faut rester non seulement techniquement, mais aussi mentalement alerte. »

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