Partager:
Les travailleurs touchés par les mesures du ministre des Pensions Jan Jambon (N-VA) perdraient en moyenne 318 euros par mois, soit un quart de leur retraite, selon de nouvelles estimations du SPF Pensions, relayées lundi par les syndicats FGTB, CSC et CGSLB.
Malus sur les pensions, plafonnement rétroactif des périodes assimilées à un maximum de 20 %… « C’est limpide : en échange de carrières plus longues, les montants des pensions seront en moyenne plus bas », résument les représentants des travailleurs. Pour cette analyse, le SPF a calculé, sur la base des nouvelles règles en préparation et à la demande des interlocuteurs sociaux, le montant de la retraite de travailleurs et travailleuses récemment pensionnées.
À court terme, environ 30 % des travailleurs subissent un impact négatif, soulignent le front commun. « Ils perdent en moyenne 318 euros par mois, soit un quart de leur pension, un coup de massue », dénoncent les syndicats.
Sous le seuil de pauvreté européen
Les pensions de ces travailleurs passent ainsi de 1.390 euros à 1.072 euros en moyenne. Ce montant se situe en dessous du seuil de pauvreté européen, qui équivaut à 60 % du revenu médian national après transferts sociaux. En Belgique, il était donc de 1.207 euros en 2021, d’après des données d’Eurostat compilées par l’Observatoire français des inégalités.
La réforme du ministre Jambon touche surtout les femmes, alors que sept travailleurs affectés sur dix sont en réalité des travailleuses. Il y a donc, juridiquement, un risque de discrimination fondée sur le sexe, relève le front commun.
Autre problème juridique : la réduction rétroactive des périodes assimilées. « Les gens sont confrontés à des conséquences impossibles à prévoir et, approchant de la retraite, ne peuvent plus adapter leur carrière. » « Les pensions les plus basses sont également lourdement touchées », ajoutent les syndicats : parmi les 20 % de retraites les plus faibles, quatre sur dix voient leur pension baisser. Les syndicats ont dès lors réitéré leur appel à manifester le 14 octobre prochain.
Réponse du cabinet Jambon
Sollicité par la rédaction, le cabinet du ministre des Finances et des Pensions, Jan Jambon, apporte des nuances. Tout d’abord, elle déplore la fuite de ces tableaux du SPF Pensions, transmis au syndicats « sous condition de confidentialité ». « En publiant ces tableaux, les syndicats violent donc cette condition et en tirent des conclusions erronées destinées à effrayer la population vis-à-vis de la réforme des pensions », indique le cabinet.
Le revenu disponible et le montant de la pension des personnes concernées augmenteront plutôt
De plus, le ministre des Pensions souligne que les craintes des syndicats ne sont pas fondées : « Ils présentent ces chiffres comme si la réforme devait engendrer d’importantes économies du fait d’une baisse des montants de pension, alors qu’en réalité, les économies attendues proviennent essentiellement de l’effet comportemental du bonus-malus, qui retarde la prise de pension (donc prolonge l’activité professionnelle) ».
« Ainsi, le revenu disponible et le montant de la pension des personnes concernées augmenteront plutôt que de diminuer, tandis que la hausse du coût du vieillissement sera réduite de moitié d’ici 2070 (selon le rapport le plus récent du comité d’étude sur le vieillissement / Bureau fédéral du Plan). »
Perte possible aux conditions actuelles
L’impact cumulé de la réforme des pensions (malus + réduction des périodes assimilées) a été simulé sur quatre carrières typiques présentant de nombreuses périodes assimilées (chômage, RCC, maladie, congés pour soins, etc.) : une infirmière hospitalière, un opérateur industriel, une caissière de supermarché, un informaticien du secteur tertiaire. « Ces quatre cas confirment les calculs syndicaux d’une perte de pension possible de – 15 % à – 25 % ou de – 300 à – 400 euros brut par mois en cas de retraite anticipée à l’âge le plus précoce (61 à 63 ans), si la condition de carrière (au moins 35 ans d’activité à mi-temps minimum) n’est pas remplie. »
« Ces cas montrent cependant que quelques mois ou années de travail supplémentaires peuvent non seulement éviter cette perte, mais aussi aboutir à une pension future plus élevée que celle perçue actuellement lors d’un départ anticipé », souligne le cabinet du ministre Jambon.


















