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Une femme sur quatre a avorté illégalement en Belgique : le délai d’action trop court ? Amnesty veut du changement

Par RTL info avec Claire Carosone et Steve Damman
Plus d’une personne sur quatre ayant avorté en Belgique, n’a pas pu le faire légalement. C’est ce que révèle un nouveau sondage que publiera demain Amnesty International. En cause : la loi qui le rend illégal, chez nous, au-delà de 12 semaines de grossesse. Un délai que l’organisation estime trop court pour de nombreuses patientes.

Avorter, c’est possible : en Belgique, c’est même un droit garanti par la loi. Les plannings familiaux assurent anonymat et accompagnement sans jugement et les mutuelles remboursent presque entièrement l’acte médical. Pourtant, plus d’un quart des personnes qui interrompent leur grossesse le font de manière illégale ou à l’étranger, révèle un sondage publié par Amnesty International.

En cause : les délais imposés par la loi. «Ça arrive malheureusement plusieurs fois par mois qu’on voit des patientes qui se présentent au-delà du délai légal en Belgique. Hier, on avait une patiente qui est illégale sur le sol belge, qui est en Belgique, qui doit avorter mais qui ne peut plus le faire dans les conditions que la Belgique impose. La seule solution qu’on a, c’est de l’envoyer en Angleterre où à cet endroit-là, c’est encore possible d’avorter à 23 semaines», précise Antigone Hatzfeld, médecin spécialisée dans l’avortement.

En effet, la loi belge autorise l’avortement jusqu’à la douzième semaine de grossesse. Chez nos voisins, les délais sont beaucoup plus larges : jusqu’à 22 semaines pour les Pays-Bas et 24 en Angleterre. « C’est un peu hypocrite de laisser plus de 500 personnes traverser la frontière parce qu’on sait que nos voisins permettent d’avorter dans ce délai-là », ajoute le médecin.

D’autant que de nombreuses femmes n’ont pas les moyens de se rendre à l’étranger et se voient contraintes de passer par des voies illégales. Les plannings familiaux et Amnesty International militent pour un assouplissement de la loi. « Il faut retirer ce délai légal qui est beaucoup trop limité. Il faut enlever ce délai de réflexion. Il faut aussi retirer les sanctions pénales. Beaucoup de gens l’ignorent, mais il reste des sanctions pénales. Si un médecin pratique un avortement en dehors du délai légal ou si une femme le fait de manière illégale ou une personne le fait de manière illégale, elle pourrait encourir des sanctions pénales», note Carine Thibaut, directrice générale d’Amnesty pour la Belgique;

Le sondage mené par Amnesty révèle par ailleurs que 92% des Belges sont favorables au droit à l’avortement. En 2023, un comité d’experts indépendants recommandait l’extension de l’IVG à 18 semaines, mais depuis, la loi n’a pas été modifiée. Amnesty appelle donc à remettre le sujet au cœur des discussions politiques.

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