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Une mère force son fils à gifler son harceleur présumé en France: quelle est la réaction à adopter si votre enfant est victime de harcèlement scolaire ?

Une vidéo particulièrement choquante a fait le tour des réseaux sociaux ce week-end. On y voit la mère d’un enfant, apparemment victime de harcèlement scolaire, aller trouver le présumé harceleur pour faire justice elle-même. 

La scène d’une violence extrême a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux. D’entrée de jeu, la mère s’en prend à l’enfant. « Viens ici, je te massacre ta g***. Tu as griffé mon fils, toi » hurle-t-elle avant de lui asséner un premier coup au visage. Plus tard, les choses s’enveniment encore quand la mère oblige le jeune garçon à se mettre à genoux devant son fils avant d’ordonner à ce dernier de le gifler. « Tabasse-le. Mets-lui une gifle dans sa g*** ». Visiblement très mal à l’aise, le garçon s’exécute avec une petite tape sur la joue de l’enfant toujours à genoux. La gifle n’était pas assez puissante au goût de la mère qui ordonne alors à son fils de recommencer plus fort. « Mets-lui une bonne ». La vidéo s’achève finalement avec de graves menaces envers le jeune garçon terrorisé. « J’entends parler de toi parce que tu fais le petit dur à l’école, je reviens et je te malmène devant tout le collège ». Selon Le Parisien, la mère est poursuivie pour des violences sur un mineur de moins de 15 ans et provocation directe d’un mineur à commettre un délit ou une injure raciale. 

Un phénomène surtout français

Nous avons interrogé le cabinet de la ministre de l’Éducation, Caroline Désir, sur l’étendue de ce phénomène en Belgique et notre pays semble plutôt préservé. "Ce genre de phénomène n’est pas remonté jusqu’à nous", constate Jean-François Mahieu, porte-parole. 

Un constat partagé par le psychopédagogue, Bruno Humbeeck. "La France a fait du harcèlement scolaire une priorité politique, mais les écoles sont outillées de manière inefficace. Les écoles sont toutes sous pression et ne veulent pas se retrouver à la une des médias. La semaine dernière, un garçon est sorti menotté par la police et cela a été relayé partout. Les parents n'hésitent donc plus à se donner en spectacle". 

Mon enfant est harcelé, que faire ? 

Dans ce cas, quelle est la bonne posture à adopter ? "L'intervention d'un parent dans une école est inappropriée, et ne ferait qu'empirer les choses" répond tout de suite Bruno Humbeeck, "il faut en parler à l'école en transmettant les émotions de votre enfant. La porte de l'école s'ouvrira plus facilement en transmettant les émotions qu'en arrivant avec ce terme de 'harcèlement' qui peut être remis en cause par l'établissement. En mettant en avant la souffrance de votre enfant, l'école ne cherchera pas à la remettre en question, les émotions, on les accepte telles qu'elles sont". 

Après avoir fait cette première démarche, c'est à l'école d'agir. "Il est de la responsabilité de l'école de s'outiller pour trouver des solutions. Les écoles ne sont pas toutes outillées mais elles doivent savoir qu'elles peuvent l'être et j'observe que l'on avance pas à pas dans la bonne direction en Belgique. Tout n'est pas encore au point, mais on avance". 

Si l'école n'accepte pas d'agir ou se dit démunie face à la situation, "il faut être ferme et ne pas se laisser faire. Des outils existent et c'est à l'école de les utiliser". 

En tant que parents, vous pouvez aussi agir "Il ne faut surtout pas minimiser ni maximiser les problèmes de votre enfant. En minimisant ses problèmes, l'enfant n'osera plus vous en parler, en les maximisant, il risque de penser être à la source de votre émoi, et va se fermer", explique Bruno Humbeeck, également auteur du livre "Le harcèlement scolaire, le guide pour les parents". 

Mon enfant est un harceleur, que faire ? 

Le problème se pose aussi pour les parents d'enfants harceleurs évidemment. Mais là aussi, il est possible d'agir. "Être parent d'un harceleur est encore plus inquiétant qu'être le parent d'un harcelé. Toutes les études démontrent que l'avenir est beaucoup moins radieux pour ceux qui harcèlent. Il faut attirer l'attention de votre enfant sur les émotions qu'il provoque aux autres. Ne cherchez pas à défendre son point de vue à tout prix, cela ne lui rendra pas service dans sa vie future et dans le développement de son intelligence émotionnelle, il en sera la première victime" conclut le directeur de recherche au sein du service des Sciences de la famille de l'Université de Mons. 

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