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Votre table en hêtre de la Forêt de Soignes, c'est possible: Nicolas et Jeoffrey travaillent le bois "extrêmement local"

A Bruxelles et en Wallonie, de plus en plus de micro-scieries voient le jour. On en compte aujourd’hui une quinzaine. Ces ateliers à taille humaine coupent du bois local pour une clientèle locale. Une nouvelle filière se crée pour revaloriser des arbres qui, sinon, sont considérés comme des déchets. 

Lors de notre rencontre, Nicolas et Maxime ont mis la dernière main à cette table en bois. Un meuble massif et surtout extrêmement local. "C'est du hêtre qui vient de la forêt de Soignes. Les hêtres ont une maladie et un champignon s'installe. Ce dernier mange le bois, et ça commence par des lignes noires", explique Nicolas.

Des lignes et des défauts, c’est justement ce que recherche Nicolas pour donner une identité à ses meubles. Chaque pièce est signée avec notamment la provenance du bois. Depuis plusieurs années, cet ébéniste se fournit dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres autour de son atelier.  

Le travail de Nicolas est rendu possible grâce à l’un de ses voisins. Jeoffrey est le co-fondateur d’une micro-scierie.  

Une grande partie des troncs qu’achète Jeoffrey ne proviennent pas de forêts de culture mais de parcs ou de jardins. Des arbres coupés par des élagueurs qui, habituellement, considèrent cette matière comme un déchet. "Sans la possibilité de la valoriser en scierie, elle serait devenu du bois de chauffage. Ce n'est pas du bois de qualité, de culture en forêt. Il va présenter des singularités plutôt que des défauts", indique Jeoffrey. 

A côté de l’avantage de donner une seconde vie à un déchet, il y a aussi le point fort économique. Un plateau de chêne brut coûte 45€ (voir vidéo). "Dans le chêne, il y a plein de qualités, mais cela va être deux fois moins cher. On a aussi une politique de prix qui ne se base pas sur l'offre et la demande d'un marché mondial. Notre stratégie de prix se base sur l'offre et la demande de la nature", précise Jeoffrey.

Un arbre abondant dans nos régions coutera donc moins cher qu’une essence rare sous nos latitudes. Une logique déconnectée des marchés internationaux qui ont vu récemment des acheteurs chinois importer énormément de bois wallon avec pour conséquence une forte fluctuation des prix. Explication de François Deneubourg, de la filière bois wallonie: "Cette pression sur les prix fait qu'un certain nombre de personnes, notamment des professionnels, ont décidé de prendre leur approvisionnement en main."

Dans une autre vie, Jeoffrey était ingénieur dans l’industrie aérospatiale. Durant la crise sanitaire, il décide de se réorienter professionnellement. Il se tourne rapidement vers sa passion de toujours : le travail du bois. "J'ai le souhait à un moment donné de pouvoir ralentier et m'adapter à mes besoins familiaux et à l'énergie que j'ai chaque jour."

Jeoffrey compte produire environs 200 mètres cubes de bois scié par an. Un petit volume destiné à une clientèle locale. Menuisiers ou particuliers, ravis de pouvoir construire avec du bois qui a parfois poussé dans le jardin du voisin.  

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