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Davos cherche la paix intérieure grâce à la méditation

En costume-cravate ou tailleur, et en quête de "paix intérieure": avant de courir d'un rendez-vous d'affaires à un cocktail, Davos se ressource lors de séances de méditation, sur fond d'intérêt grandissant des entreprises pour cette pratique.

Assis face aux sommets enneigés, les participants au Forum économique mondial (WEF) se laissent le matin guider par la douce voix de Jayanti Kirpalani: "La paix n'est pas au dehors, elle est en vous".

Les stricts vêtement sombres de l'audience tranchent avec la robe blanche de l'enseignante et la neige immaculée derrière les grandes baies vitrées.

Représentante du mouvement Brahma Kumaris, une école de méditation indienne, cette guide spirituelle propose une courte pause dans l'agitation de ce sommet, encore montée d'un cran jeudi avec l'arrivée du président américain Donald Trump.

"Il y a 10 ans, il était impensable que des séances de méditation soient proposées tous les matins, en ouverture du programme", a expliqué à l'AFP Matthieu Ricard, un moine bouddhiste français proche du dalaï-lama, qui a rejoint dans les Alpes suisses le gotha de la politique et de l'économie.

"Maintenant que la méditation est devenue à la mode, il importe de garantir un minimum d’authenticité", met-t-il toutefois en garde.

Les questions autour de la santé, mais aussi du stress au travail, font l'objet de nombreux débats dans les panels de discussion au WEF.

Le premier ministre indien Narendra Modi, qui était chargé de prononcer le discours d'ouverture, a amené dans sa délégation deux maîtres yogi et mis en avant dans son discours les mérites du yoga et de la médecine ayurvédique.

Matthieu Ricard s'est, lui, rendu chez des géants de la technologie, tels que Google, qui encouragent leurs employés à développer la méditation et la pratique dite du "mindfulness", la pleine conscience.

"Il y a un intérêt très fort parce que les gens sont conscients qu’il y a dans les entreprises un problème croissant de burnout et une détérioration des relations humaines", a dit le moine, drapé dans la traditionnelle robe orange et rouge.

Selon une étude publiée par le WEF, quelque 320 millions de personnes dans le monde souffrent de dépression.

En 2016, plus de 10.000 cas d'affections psychiques (troubles anxieux, troubles du sommeil, dépression, états de stress post-traumatique...) ont été reconnus comme accident du travail, pour un coût estimé à 230 millions d'euros, a révélé récemment en France l'Assurance maladie.

Au Royaume-Uni, l'institut Mindfulness Initiative estime que les questions de santé mentales sont à l'origine de 70 millions de journées d'arrêt de travail chaque année.

Cet institut, qui a vu le jour en 2013, a notamment fait découvrir la pratique à des parlementaires britanniques, et a depuis fait des émules au-delà de la Grande-Bretagne, entre autres en France, où un groupe s'est également constitué.

- Trump en "pleine conscience"? -

La pleine conscience vise à porter son attention sur ce qui advient, au moment présent, dans son corps et son esprit et dans l’environnement autour de soi, explique sa branche française sur son site.

Au travail, elle favorise la concentration, améliore le bien-être grâce aux pauses régénératrices qui permettent de prendre du recul sur les situations stressantes, affirme-t-elle.

Elle augmente également la flexibilité psychologique et émotionnelle, améliore les relations interpersonnelles au travail, vante l'association qui a elle aussi proposé la pratique aux députés français, ainsi qu'à des grandes entreprises comme L'Oréal, Sanofi ou Danone.

"C'est pour cela que cela a décollé dans la Silicon Valley, où les gens veulent être au mieux de leurs performances mais aussi être heureux", a expliqué Jamie Bristow, le directeur de Mindfulness Initiative, à l'AFP.

En 2015, le Parlement britannique a même publié un rapport recommandant les programmes de pleine conscience, notamment dans les entreprises.

Donald Trump pourrait-il se joindre au groupe lors de son passage à Davos?

"C’est très difficile de gérer ce type de personnes", a estimé Matthieu Ricard. "Ils sont tellement centrés sur eux-mêmes qu'ils sont incapables d’écouter".

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