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Doris Day, décédée lundi en Californie à l'âge de 97 ans, restera notamment dans les mémoires pour "Que sera, sera", un tube planétaire qui lui a permis de réunir les deux grands axes de sa carrière: la chanson et le cinéma.
C'est à ce double talent qu'elle doit d'ailleurs le rare privilège d'avoir deux étoiles distinctes sur le célèbre "Walk of Fame" de Hollywood, où une cérémonie a été organisée à sa mémoire lundi matin.
La blonde Américaine a 34 ans, en 1956, quand Alfred Hitchcock lui donne le rôle émouvant d'une mère dont l'enfant est enlevé par des espions venant du froid dans son classique "L'Homme qui en savait trop". Aux côtés de James Stewart et de Daniel Gélin, Doris Day joue un rôle taillé sur mesure: celui d'une chanteuse célèbre qui interprète "Que sera, sera" à tue-tête pour signaler à son fils que l'heure de la libération est proche.
Le morceau, signé Jay Livingston et Ray Evans, décroche l'Oscar de la meilleure chanson originale.
- Adorée du public -
Des Oscars, Doris Day n'en décrochera pourtant aucun, malgré une quarantaine de films et l'adoration du public.
Son côté voisine sympa, joyeuse et sans histoires ne séduira pas la critique cinématographique et elle devra se contenter d'un "Grammy" pour sa carrière de chanteuse, avec 650 titres et une vingtaine d'albums à son actif.
Pour la critique de cinéma Molly Haskell, Doris Day était "l'actrice la plus sous-estimée, la moins reconnue qui soit jamais passée par Hollywood".
En un hommage un brin tardif, l'Académie des Oscars a dit "adieu à une légende de Hollywood", célébrant "son humour, son talent extraordinaire et son grand coeur", comme une bonne partie de l'industrie du cinéma.
Pour l'ex-Beatles Paul McCartney, qui lui avait rendu visite dans sa retraite californienne, Doris Day était une vraie star et "une dame très amusante". "Elle va me manquer mais je me souviendrai toujours de son sourire étincelant et de son rire contagieux, ainsi que des nombreuses chansons et films qu'elle nous a donnés", a-t-il écrit sur son blog.
Sur le plan personnel, la vie n'aura pas été facile pour Doris Day, née Mary Ann Von Kappelhoff, le 3 avril 1922 à Cincinnati (Ohio), dans une famille d'origine allemande.
Ses parents divorcent alors qu'elle a 13 ans et Doris se retrouve avec une mère qui la pousse à monter sur scène.
Après un grave accident de voiture, elle doit abandonner la danse pour se consacrer au chant.
Sa carrière commence au début des années 1940. Doris Day chante pour le "big band" de Les Brown, avec qui elle interprète "Sentimental journey", futur hymne du retour des soldats à la maison après la victoire de 1945.
Mais la jeune femme a déjà divorcé d'un premier mari, violent, mettant fin au premier de quatre mariages, dont aucun ne durera.
En 1948, elle tourne son premier film, "Romance à Rio", qui sera suivi d'autres succès comme "La Blonde du Far-West" (Calamity Jane, 1953), "Les Pièges de la Passion" (Love Me or Leave Me, 1955) ou "Ne mangez pas les marguerites" (Please Don't Eat the Daisies, 1960).
- Star de comédies romantiques -
Doris Day brille surtout dans les comédies romantiques, un genre qui culmine en 1959 avec "Confidences sur l'oreiller", où elle tourne aux côtés de Cary Grant et Rock Hudson. Le film est le seul qui lui vaudra une sélection aux Oscars.
Le jour de ses 29 ans, elle épouse Martin Melcher, qui deviendra son imprésario. Mais lorsqu'il meurt en 1968, elle découvre qu'il l'a criblée de dettes.
La star obtient 22 millions de dollars de dédommagement d'un homme d'affaires embauché par Melcher pour gérer sa fortune. Ce troisième mari adopta son seul enfant, Terry Melcher, fils biologique de son premier mari et mort d'un cancer en 2004.
Tout au long de sa carrière, Doris Day s'efforce de défendre son image d'Américaine propre sur elle, refusant en 1967 le rôle de Mme Robinson dans "Le Lauréat", jugeant trop osé ce rôle de mère de famille voulant séduire un jeune et innocent Dustin Hoffman.
"J'aime être gaie. J'aime m'amuser sur un tournage. J'aime porter de beaux vêtements et être belle. J'aime sourire et que les gens rient. C'est tout ce que je veux", résumait-elle lors d'une interview.
Dans les années 1970, sa carrière bat de l'aile et Doris Day crée une fondation de protection des animaux, qu'elle accueillait dans sa résidence de Carmel, en Californie, où elle était voisine de Clint Eastwood.
C'est cette fondation qui a annoncé sa mort lundi, des suites d'une pneumonie.
Les dernières décennies de sa vie ont été passées loin de Hollywood et près des animaux. En 2016, pour son anniversaire, cette végétarienne expliquait au magazine Closer "aimer (se) balader avec (ses) chiens".