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Furieuse, une directrice de maison de repos critique les visites aux résidents: "C'est une décision absurde qui ne sert à rien"

Le Conseil National de Sécurité a décidé d'assouplir les mesures de confinement liées au coronavirus concernant les maisons de repos et les instituts accueillant des personnes handicapées. Concrètement, le gouvernement autorise ces lieux à recevoir des visiteurs, de manière strictement encadrée. Cette décision désempare certaines maisons de repos qui craignent que ces visiteurs ne contaminent leurs résidents.

"Nous sommes très en colère", a lâché Maryse Albert, en direct dans le RTL INFO 19H, suite à la décision du gouvernement de permettre des visites strictement encadrées dans les maisons de repos et instituts accueillant des personnes handicapées. Cette directrice de la maison de repos "La retraite fleurie" à Sambreville, dans le Hainaut, a des mots très durs envers cet assouplissement. "Cette mesure ne sert absolument à rien. Cela va juste faire entrer le covid dans notre maison de repos qui pour l'instant, n'avait pas de problème. Nous ne l'acceptons pas du tout".

Les maisons de repos vont devoir organiser elles-mêmes ces visites. "Nous autorisons ces lieux à accueillir une personne désignée à l'avance, uniquement si cette personne n'a montré aucun symptôme de la maladie endéans les 15 jours de la visite et qu'il s'agit à chaque fois de la même personne. Les maisons de repos et centres organiseront ces visites", a détaillé la Première ministre Sophie Wilmès, lors de la conférence de presse donnée à l'issue du Conseil National de Sécurité. Maryse Albert ne voit pas comment elles pourront contrôler tout cela. "Nous ne pourrons pas contrôler, déjà que les gens ne respectent pas les consignes qu'on leur donne. Comment voulez-vous contrôler cela? Je peux comprendre que les gens aient envie de voir leur parents, mais cela sera impossible à contrôler".

"Qui va venir? Combien de temps vont-ils rester? On va mettre un gendarme à l'entrée? Ce n'est pas possible, cette mesure est absurde", a-t-elle martelé. La directrice de la maison de repos lance donc un appel aux familles afin qu'elles soient compréhensives et qu'elles ne se rendent pas en maison de repos afin de protéger leurs aînés.

Plusieurs CPAS refusent d'ouvrir les maisons de repos en Wallonie picarde

Plusieurs CPAS de Wallonie picarde refusent d'ouvrir l'accès des maisons de repos aux visiteurs. Ils entendent préserver la santé des résidents et du personnel.

En Wallonie picarde, le bourgmestre de Péruwelz, Vincent Palermo, a même pris un arrêté de police afin d'interdire les visites dans les homes pour personnes âgées et/ou personnes porteuses de handicap. "Humainement, c'est une épreuve pour les familles et les résidents. Cependant, n'ayant pas la possibilité de tester tout le monde, j'ai le devoir de veiller à maintenir la santé et à protéger la vie", explique le maïeur de Peruwelz. "En conscience, je ne peux autoriser ces visites. Je refuse de réduire à néant tous les efforts consentis depuis le début de cette crise", souligne-t-il. "Après discussion avec le président du CPAS et les directeurs d'institutions situées sur le territoire de Péruwelz, j'ai pris une ordonnance de police interdisant les visites dans les homes et les institutions de l'entité", indique-t-il.

Même son de cloche à Antoing où le président du CPAS, Claudy Billouez, maintient les mesures de confinement à la "Résidence du Moulin". "La décision a été prise de concert avec le bourgmestre et les diverses directions. C'est une brèche dans l'effort que tout le monde fait depuis un mois. Même les familles ne comprennent pas la décision de la Première ministre. Nous n'avons déjà pas les tests pour les membres de notre personnel!", s'exclame M. Billouez.

A Tournai, la présidente du CPAS, Laeticia Liénard, a adressé un courriel au gouvernement wallon. "Je comprends l'aspect humain de cette décision. Elle ne me semble néanmoins pas compatible avec la réalité que vivent au quotidien les acteurs de terrain", estime-t-elle. "Cette décision a été prise sans aucune concertation avec les fédérations représentatives des maisons de repos. Ici, la ligne du temps est inversée. On commence par la conclusion. Il y a lieu de s'inquiéter de savoir si nous avons suffisamment, et sur la durée, de matériel de protection, de tests de dépistage, de l'oxygène, des médicaments et du personnel!", souligne-t-elle. "A ce stade, en concertation avec les équipes du CPAS, nous avons décidé de ne pas appliquer cette mesure. Ce choix restera d'application tant que nous ne disposerons pas d'un consensus entre le gouvernement et les fédérations représentatives du secteur", précise Mme Liénard.

Cette décision de la présidente concerne à Tournai trois maisons de repos et le home Valère Delcroix qui accueille des personnes souffrant d'un handicap. Pour sa part, le bourgmestre de La Louvière, Jacques Gobert, a pris un arrêté afin d'interdire, sauf dérogation, l'accès des personnes proches des résidents aux maisons de repos, aux maisons de soins et aux établissements pour personne avec un handicap jusqu'au 3 mai inclus. "Il serait prématuré de rouvrir les portes des établissements concernés à des personnes extérieures, au risque de contaminer encore plus de résidents alors que l'impact positif des mesures de confinement est constaté", dit-il

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