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Hakainde Hichilema, opposant historique, prend les rênes de la Zambie

Hakainde Hichilema a pris les rênes de la Zambie sous les vivats mardi, promettant de redresser l'économie de ce pays d'Afrique australe, rongé par une dette colossale, et de garantir "une réelle liberté" à tous ses concitoyens.

L'ex éternel opposant, qui a promis dans un tweet matinal "une nouvelle aube en Zambie", a prêté serment devant des milliers de partisans euphoriques dans le stade des Héros à Lusaka. Beaucoup y avaient passé la nuit pour assister à son investiture.

"Je jure de remplir fidèlement et avec diligence mes devoirs", a-t-il déclaré une bible entre les mains, après avoir salué longuement la foule à dominante rouge, comme la couleur de son parti et de sa cravate du jour.

Plusieurs chefs d'Etat, mais aussi des figures d'opposition régionales, sont venus saluer une transition politique en douceur, sur un continent dont l'histoire récente a été marquée par des dirigeants autoritaires s'accrochant longtemps au pouvoir.

"Nous avons montré au monde entier la résilience de notre démocratie", a déclaré sous les acclamations celui que la rue appelle "HH" ou "Bally", terme affectueux pour désigner un aîné.

Mateyo Simukonda, 36 ans, arrivé la veille de la région des mines de cuivre dans le centre du pays enclavé, confie sa joie à l'AFP d'assister "à l'enterrement total" du régime précédent "et de la corruption".

Candidat à 59 ans pour la sixième fois - il avait juré que ce serait la dernière -, M. Hichilema a été élu le 12 août grâce à une très forte participation et avec près d'un million de voix d'avance face au sortant Edgar Lungu.

"La baisse du coût de la vie sera bientôt une réalité", a-t-il assuré mardi, alors que l'inflation a rendu ces dernières années les produits de première nécessité inabordables pour une population dont plus de la moitié vit sous le seuil de pauvreté.

Les Zambiens doivent pouvoir prendre "trois repas décents par jour".

- "Réellement libres" -

L'homme d'affaires autodidacte, aujourd'hui millionnaire, devra aussi s'atteler au problème d'une dette estimée à dix milliards d'euros, dont la moitié auprès de créanciers privés, notamment chinois.

Lancé dans une frénésie de construction de ponts, routes, aéroports, son prédécesseur était critiqué pour avoir emprunté de façon déraisonnable. La Zambie a été le premier pays d'Afrique fin 2020 à avoir fait défaut sur sa dette depuis le début de la pandémie.

M. Lungu était aussi devenu de plus en plus répressif à l'égard de toute critique, faisant fermer des médias indépendants et arrêter des figures d'opposition.

"HH" fera en sorte "que tous les Zambiens soient réellement libres", avec des médias indépendants et des institutions solides. "Nous allons restaurer l'état de droit, l'ordre général, et ramener notre pays à la normale".

Affirmant avoir lui-même été arrêté une quinzaine de fois depuis qu'il fait de la politique, HH avait dénoncé le régime "brutal" de son rival déchu, promettant une "démocratie meilleure" aux millions de Zambiens qui ont fait la queue, parfois jusqu'à l'aube, pour l'élire.

Ce changement démocratique est attendu avec impatience par la jeunesse, mobilisée en masse "avec énergie et passion, et qui a rendu ce jour possible", a salué le nouveau président. Plus de la moitié des inscrits ont moins de 35 ans.

Au Zimbabwe voisin, le président Emmerson Mnangagwa a averti ses opposants de ne pas nourrir de tels rêves. Succédant à Robert Mugabe qui a tenu le pays d'une main de fer pendant 37 ans, M. Mnangagwa avait aussi promis une "nouvelle démocratie" avant d'œuvrer à consolider un parti unique et museler l'opposition.

Dans les prochains mois, les regards seront tournés vers le nouveau président zambien pour voir s'il "joint le geste à la parole".

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