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Irak: les politiciens pressés de toutes parts de nommer un Premier ministre

La pression sur les responsables politiques irakiens pour choisir un nouveau Premier ministre s'est accrue vendredi après l'appel à des élections rapides par la plus haute autorité chiite du pays et à de nouvelles manifestations par le versatile leader chiite Moqtada Sadr.

Dans un prêche prononcé par son représentant dans la ville sainte chiite de Kerbala, au sud de Bagdad, le grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique en Irak, a appelé à la tenue "le plus tôt possible" d'élections "libres et transparentes".

"Le prolongement de la crise actuelle et le manque de stabilité politique, économique et sécuritaire ne sont pas dans l'intérêt du pays", a-t-il averti, jugeant impératif d'"accélérer la formation d'un nouveau gouvernement".

Bagdad et le sud du pays à majorité chiite vivent depuis quatre mois au rythme de manifestations antigouvernementales qui réclament des élections anticipées et un Premier ministre indépendant pour remplacer Adel Abdel Mahdi.

M. Abdel Mahdi a démissionné en décembre sous la pression de la rue mais continue de gérer les affaires courantes, faute d'accord des partis politiques sur son successeur.

Cette paralysie a entraîné la frustration des manifestants, du président Barham Saleh --qui a donné aux partis jusqu'à samedi pour nommer un Premier ministre, menaçant de le désigner lui-même passé ce délai-- mais aussi du grand ayatollah Sistani.

La représentante spéciale de l'ONU en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert, a affirmé dans un tweet que trouver des solutions était "de toute urgence nécessaire" pour "sortir de l'impasse".

- Sadr change encore d'avis -

Les manifestations avaient perdu en intensité après que l'influent leader chiite Moqtada Sadr eut semblé leur retirer son soutien il y a une semaine.

A la tête du premier bloc au Parlement, cet ancien chef de milice de 46 ans avait apporté son soutien au mouvement dès ses premiers jours.

Ses nombreux partisans se sont souvent imposés comme les manifestants les plus organisés sur la place Tahrir à Bagdad, poumon de la contestation.

Mais après avoir organisé une manifestation antiaméricaine séparée la semaine dernière, Moqtada Sadr avait affirmé qu'il "n'interviendrait" plus dans le mouvement et ses fidèles avaient démonté leurs tentes sur les différents lieux de rassemblement.

Il a de nouveau changé d'avis vendredi, demandant à ses soutiens "de renouveler la révolution pacifique et réformiste" et appelant à une manifestation "massive" à Bagdad pour "faire pression sur les politiciens afin qu'ils forment un gouvernement basé sur les aspirations de Sistani et du peuple".

Moqtada Sadr a aussi affirmé qu'il commençait à préparer un sit-in près de la Zone verte, ultrasécurisée, qui abrite les principales institutions et l'ambassade américaine.

- Candidats rejetés sur Tahrir -

Depuis octobre, les manifestants, en majorité des jeunes, réclament une nouvelle classe politique, la fin de la corruption, des emplois et de meilleures conditions de vie.

Les manifestations ont été marquées par des violences qui ont fait près de 480 morts, en grande majorité des manifestants, selon un décompte de l'AFP établi à partir de bilans de sources de sécurité et médicales.

Tout candidat au poste de Premier ministre devra satisfaire la contestation, la classe politique morcelée, Ali Sistani mais aussi l'Iran et les Etats-Unis, ennemis jurés mais puissances agissantes en Irak.

La Constitution prévoit que le bloc majoritaire au Parlement nomme un Premier ministre 15 jours après les législatives. Mais elle n'encadre pas précisément l'éventuelle démission d'un Premier ministre.

Le délai imposé par Barham Saleh a accéléré la cadence: le président a accueilli ces derniers jours "les différents blocs politiques pour trouver le candidat du compromis", selon une source à la présidence. Ces discussions sont "tendues", a confié un responsable politique.

Selon un politicien proche des discussions, les partis sont presque arrivés à un consensus autour de l'ex-ministre Mohammed Toufik Allawi, mais certains partis s'y opposent encore.

Les manifestants ont déjà rejeté ce nom, comme celui d'un autre candidat, le chef des services de renseignement Moustafa Kazemi, accrochant leur portrait barré d'une croix sur la place Tahrir.

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