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Basée sur la confrontation directe, l'escrime n'a organisé qu'une seule compétition internationale par arme depuis le début de la pandémie, une absence de repères en dix-huit mois qui ajoute une grosse dose d'incertitude pour les Jeux olympiques de Tokyo.
Depuis mars 2020, en raison de la pandémie de Covid-19, les tireurs n'ont pu s'affronter qu'une seule fois, à Budapest (sabre), Kazan (épée) et Doha (fleuret), des compétitions organisées car il fallait finir la période de qualification olympique.
Cet arrêt peut redistribuer une partie des cartes, pour ces sportifs habitués à disputer plus d'une dizaine de compétitions internationales individuelles sur une saison classique.
Avec toutefois un avantage certain pour les grandes nations: la possibilité de retrouver à l'entraînement la densité d'une épreuve de Coupe du monde, ce qui n'est pas toujours le cas pour les plus petites nations.
"La compétition a apporté son lot de surprises", explique à l'AFP Lionel Plumenail, en charge de la haute performance à la Fédération française d'escrime (FFE), en référence aux épreuves disputées dans la seconde quinzaine du mois de mars.
- Niveau plus dense -
Et il cite par exemple la défaite du N.1 mondial au fleuret, l'Italien Alessio Foconi à Doha, ou celle de Boladé Apithy, pourtant 6e sabreur mondial, au premier tour à Budapest.
"Ont-elles été dues au manque de compétition? À la pression de la qualification olympique? Ces résultats sont compliqués à analyser", estime-t-il.
La compétition de Budapest a permis de "se jauger", raconte la sabreuse Manon Brunet: "J'ai fini neuvième, c'était un peu décevant, mais j'ai sauvé les meubles".
Au-delà de cette coupure d'un an, "le niveau mondial s'est densifié, la concurrence est plus forte aujourd'hui", explique Lionel Plumenail.
Certes, les conditions sanitaires ont été les mêmes pour tout le monde, mais le niveau des Russes notamment reste une inconnue, "même s'il semble qu'ils se soient mieux entraînés", selon le responsable de la FFE.
"Le problème, renchérit le fleurettiste Maxime Pauty, c'est le côté répétitif d'affronter tout le temps les mêmes, même si on a été des privilégiés par rapport à d'autres, tels les Italiens ou les Américains, car nos salles sont restées ouvertes".
"Les dix, vingt meilleurs Français se sont entraînés ensemble, avec une super qualité d'opposition, donc je pense qu'on a un petit avantage par rapport aux autres", souligne-t-il à l'AFP.
- "Les incertitudes demeurent" -
Emmenée par son champion du monde en titre (2019) Enzo Lefort, l'équipe tricolore de fleuret, vice-championne du monde en 2019, est donc "attendue, mais les incertitudes demeurent: la dernière fois qu'on a tiré tous les quatre ensemble, c'était en décembre 2019 et on n'a que trois compétitions ensemble à notre actif", rappelle Maxime Pauty. Mais, assure-t-il, "tout le monde sera dans la même incertitude".
"On manque de repères et finalement, on n'est sûr que d'une chose, c'est qu'on ne sait rien", résume en souriant Enzo Lefort, pour qui seule la compétition permettra de se régler: "L'essentiel, c'est de se recentrer sur soi et de ne pas se disperser".
"J'ai hâte de me confronter aux étrangères", affirme pour sa part l'épéiste Coraline Vitalis, qui disputera sa compétition dès samedi. "Cela fait deux ans sans championnats et je suis impatiente de donner le meilleur de moi-même".
L'absence de compétition, "c'est la même chose pour tout le monde", estime-t-elle, avant d'ajouter, confiante néanmoins: "Je suis championne d'Europe en titre (2019) et régulière depuis".