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Le musée de l'espion prend ses nouveaux quartiers à Washington

Un pistolet camouflé en rouge à lèvres ou une caméra en bouton, un parapluie mortel et une table de torture par "waterboarding": le nouveau musée de l'espion de Washington présente l'héroïsme et l'ingéniosité de l'espionnage, mais aussi ses aspects les moins glorieux.

Le très populaire International Spy Museum a fait peau neuve, troquant ses locaux vieillots et étriqués pour un bâtiment de verre et d'acier flambant neuf deux fois plus vaste. Il ouvre dimanche.

S'il continue de mettre en scène fiction, avec les célèbres espions James Bond et Austin Powers, et réalité, avec des artefacts de la Guerre froide ou de la lutte contre le terrorisme après les attentats du 11-Septembre, le musée se fait également interactif.

Le visiteur peut ainsi tester ses aptitudes en crochetage de serrure, ou sa mémoire et ses talents d'observation lors de la simulation d'une opération d'espionnage.

Dans un autre jeu de rôle, il devient analyste de la CIA dans une cellule de crise où, disposant de renseignements très succincts, il doit conseiller le président Barack Obama sur l'opportunité de mener ou non un raid contre un complexe où se terre peut-être Oussama ben Laden à Abbottabad au Pakistan.

- Y a-t-il un espion? -

Les gadgets et les histoires, qui remontent parfois à des siècles, étonnent et fascinent tout en exposant les défis du monde de l'ombre.

L'occasion pour le visiteur de répondre à une question: pourrais-je être un espion?

Désormais installé non loin du National Mall, où se trouvent de nombreux musées pour la plupart gratuits, le Spy Museum a toujours été l'une des attractions privées les plus populaires de la capitale depuis son ouverture en 2002.

L'emblématique Aston Martin DB5 du film de James Bond "Goldfinger" (1964) trône désormais en belle place et l'espace est à présent suffisamment vaste pour faire un bond dans le temps avec un tout aussi élégant drone de surveillance Amber des années 1980. Et même un sous-marin britannique monoplace de la Seconde Guerre mondiale.

Une portion du tunnel des services de renseignements américain CIA et britannique MI6 permettant d'écouter les communications soviétiques à Berlin-Est dans les années 1950 a également trouvé une place.

Sans oublier une pléthore de gadgets en tout genre comme un déguisement de femme enceinte de la CIA ou une aiguille empoisonnée cachée dans une pièce en argent appartenant à Francis Gary Powers, pilote de l'avion espion U2 abattu par l'Union soviétique en 1960.

Ou encore un morceau de charbon explosif pour un sabotage, des pilules sédatives pour chien équipant des agents de la CIA à Cuba, le carnet d'un agent du KGB sous couverture à New York dans les années 1950.

L'International Spy Museum n'est pas international que de nom. Ainsi il revient sur le vol de secrets et de technologies américains par la Chine mais aussi sur le vol, il y a des siècles, de la technique d'élevage des vers à soie et de la culture du thé par les Occidentaux aux Chinois.

- Zones d'ombre -

Les défaillances du renseignement disposent de leur section tout comme les dérives telle la torture par simulation de noyade ou "waterboarding", dont un exemplaire est présenté, qui a été utilisée par la CIA après le 11-Septembre.

Le musée dévoile aussi les techniques et équipements de cryptage, comme la redoutée Enigma allemande "cassée" par le mathématicien Alan Turing ou la méthode du micropoint.

"L'objectif des espions n'a pas changé au fil des siècles", relève Keith Melton, dont les 7.000 objets collectés depuis le début des années 1960 constituent le trésor du musée. "La seule chose qui a changé, c'est la technologie et la façon dont ils atteignent leurs objectifs".

Cet ingénieur et ancien de l'US Navy avait fait savoir qu'il était acheteur de tout artefact d'espionnage et a sympathisé avec des agents et responsables de tous les camps.

"Quand le mur de Berlin est tombé, j'y étais", raconte-t-il, d'où sa grande collection d'objets de la Stasi est-allemande.

Quelques semaines après la chute de l'Union soviétique, il frappait à la porte du quartier général du KGB à Moscou en disant: "Je suis ici pour acheter des équipements d'espionnage".

"J'aime les gadgets, ils (les espions, NDLR) aiment les gadgets", confie-t-il.

Son plus grand trésor? Le piolet utilisé pour assassiner Leon Trotsky à Mexico en 1940, qu'il a traqué pendant quarante ans.

Mais il ne cache pas sa nostalgie face aux nouvelles technologies.

"Je pense que l'âge d'or des appareils d'espionnage est terminé. C'est ça désormais l'appareil d'espionnage le plus performant au monde", dit-il en pointant son smartphone.

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