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"La Nuit du 12", qui raconte l'enquête impossible sur un féminicide, a triomphé aux 48e César, envoyant un message féministe dans une soirée où les réalisatrices n'étaient présentes que dans les discours.
Le long-métrage a remporté six prix, dont un rare doublé: César du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Dominik Moll.
Bastien Bouillon et Bouli Lanners ont reçu le prix du meilleur espoir masculin et du meilleur acteur dans un second rôle, pour leur interprétation d'un duo d'enquêteurs de la PJ qui tentent d'élucider l'assassinat d'une jeune fille, sans témoins.
Inspiré d'un fait divers, "La Nuit du 12" livre une galerie de suspects qui ne se rendent même pas compte de la misogynie de leurs propos, et s'attaque aussi au machisme dans la police.
Dominik Moll, en remportant sa deuxième statuette de réalisateur, 22 ans après "Harry un ami qui vous veut du bien", a eu "une pensée pour la vraie Clara, la vraie victime de l'affaire qui a donné lieu au film. Elle s'appelait Maud".
Il a rendu hommage au public français "qui a une appétence pour les films qui sortent des sentiers battus": son long-métrage a bénéficié d'un solide bouche à oreille et rassemblé 509.000 spectateurs.
Surtout, le couronnement de "La nuit du 12" envoie un message bienvenu.
"Les cinéastes devaient s'emparer du récit" sur les violences faites aux femmes, a lancé l'une des productrices du film, Caroline Benjo. "Vive les femmes et vive les hommes qui rejoignent leur combat", a-t-elle ajouté dans un discours fort, écouté larmes aux yeux par l'actrice Judith Chemla, qui a dénoncé publiquement les violences domestiques qu'elle a subies.
- "Elles me manquent" -
Ce signal était d'autant plus attendu que les nominations avaient encore plus que les années précédentes laissé les réalisatrices de côté: aucune nommée pour la meilleure réalisation, une seule pour le meilleur film (Valéria Bruni Tedeschi).
Plusieurs lauréates ont profité de leurs remerciements pour les sortir de l'oubli.
Comme Virginie Efira, César de la meilleure actrice pour "Revoir Paris", qui a souhaité dédier ce prix à sa réalisatrice Alice Winocour, et "l'étendre" à d'autres, dont Rebecca Zlotowski ("Les enfants des autres", absente des nominations).
"On ne sera ni de passage, ni un effet de mode !", a promis la cinéaste Alice Diop, César du meilleur premier film pour "Saint Omer".
Tonie Marshall reste à ce jour la seule femme à avoir reçu un César du meilleur réalisateur avec "Venus Beauté (institut)" (2000).
Noémie Merlant a eu une pensée pour toutes celles "qui aurait dû être célébrées". "Elles me manquent" a déclaré l'actrice, César du meilleur second rôle féminin pour "L'Innocent".
Ce film de Louis Garrel, qui était favori avec 11 nominations, est le grand perdant de la soirée, avec un seul autre trophée, pour son scénario.
Côté interprète masculin, Benoît Magimel a vécu "un moment assez fou" en remportant pour la deuxième année d'affilée le César du meilleur acteur, avec "Pacifiction - Tourment sur les îles". Du jamais vu.
Dans une toute autre catégorie, la star américaine Brad Pitt a fait une apparition surprise pour remettre un César d'honneur à l'un des cinéastes qui a forgé son jeu, David Fincher ("Seven", "Fight Club"..).
"Je salue la culture du cinéma français, votre engagement pour un cinéma qui reflète ce que nous sommes de plus petit et de plus simple, et pas seulement nos aspirations héroïques quand on a enfilé des collants", a lâché Fincher.
Les César n'ont pas oublié l'Ukraine, évoquée par Louis Garrel (ce pays "vit une tragédie depuis un an maintenant à cause de cette guerre folle et criminelle"), ni l'Iran, par Golshifteh Farahani ("Choisissez ce régime ou nous, le peuple iranien").
Une activiste pour le climat, soutenant le collectif Dernière rénovation et arborant un T-shirt "We have 761 days left" (il nous reste 761 jours) a brièvement interrompu le début de la cérémonie, avant d'être sortie. Cette séquence n'a pas été diffusée sur Canal+, diffuseur des César.