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Cinéma: "L'Empire", la guerre des étoiles en tout ch'ti

Vaste blague ou réinvention de la science-fiction ? Bruno Dumont déconcerte à nouveau dans "L'Empire", relecture de la guerre des étoiles version ch'tis, qui sort dans les salles françaises mercredi.

Cet ovni cinématographique, avec Fabrice Luchini en incarnation truculente du mal absolu ou les actrices Anamaria Vartolomei ("L’Evénement"), Lyna Khoudri ("Les Trois Mousquetaires") et Camille Cottin ("Dix pour cent", "Stillwater"), est en lice pour l'Ours d'or samedi prochain au Festival de Berlin.

"Ce n'est pas une parodie de la Guerre des étoiles", la saga culte créée par Georges Lucas, et "il ne s'agit pas de se moquer", a martelé Bruno Dumont à Berlin.

Même si le potentiel comique du film repose largement sur le décalage entre les sabres lasers et la vie quotidienne dans une village modeste du nord de la France.

"Il y a quelques citations mais je n'ai pas voulu reprendre l'histoire. Il y a des références aux grands films de science-fiction, incluant +Star wars+, +La planète des singes+", élargit-il: "je voulais faire un film de science-fiction, car j'aime beaucoup les space opera qui sont une façon d'aborder les questions complexes comme l'origine du monde, tout en restant dans mon univers terrestre", a-t-il poursuivi.

Mélange d'acteurs amateurs et de célébrités, semi-improvisation, recherche permanente du décalage, "L'Empire", filmé sur les plages du Nord, ne surprendra pas ceux qui connaissent déjà l'univers singulier développé par Dumont dans son "P'tit Quinquin" ou dans "Ma Loute".

En y ajoutant une intrigue assez accessoire autour d'un bébé, objet d'une lutte entre les forces du bien et du mal, les "Un" et les "Zéros", avec pour terrain de jeu la Terre et ses humains.

Officiellement, "l'Empire" raconte "les origines du monde, pourquoi sommes nous brassés par le bien et le mal", a résumé Dumont.

"Il y a à la fois des superhéros qui viennent de l'espace, pour lesquels il était pertinent de prendre des acteurs professionnels, qui sont des héros de cinéma, et pour représenter les (humains), des anti-héros, de prendre des non-professionnels", a-t-il détaillé.

- Public confidentiel -

Le réalisateur de Bailleul (Nord), figure inclassable, du sulfureux "Twentynine Palms" en 2003 jusqu'au mystique "Jeanne", adaptation chantée de Charles Péguy sur la vie de Jeanne d'Arc, sait créer le buzz et attirer dans son univers les plus grandes stars, de Juliette Binoche ("Camille Claudel, 1915") à Léa Seydoux ("France").

Adèle Haenel a un temps fait partie de la distribution de "L'Empire", avant de claquer la porte jugeant le contenu du film "sexiste et raciste", rapportait en 2023 le magazine français Télérama.

Sur le tournage, "il n'y avait pas de scénario au sens classique, c'est très littéraire, comme un roman", a témoigné à Berlin Lyna Khoudri, désarçonnée d'ignorer parfois qui d'elle, ou de son partenaire de jeu, était censé déclamer une réplique.

Côté amateurs, "on ne lit pas de scénario, pour garder cette part d'innocence et de nature qu'on a chez nous", acte Brandon Vlieghe, qui a rejoint cette troupe.

Pour la production de ce film d'1H50, Dumont explique avoir voulu éviter l'effet carton-pâte, avec des moyens conséquents. Dont des vaisseaux spatiaux bluffants, dérivés de merveilles de l'architecture: la Sainte Chapelle pour le camp du bien, le Palais de Caserte à Naples pour ses adversaires.

Il faudra donc convaincre au-delà du public restreint des aficionados de Bruno Dumont. Ses films n'attirent que quelques dizaines de milliers de spectateurs, dépassant rarement les 100.000 entrées. A l'exception d'un succès public, en 2016, avec "Ma Loute", et ses 560.000 entrées.

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