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Hong Kong: une ONG préserve les enseignes lumineuses, emblèmes menacés du patrimoine local

Autrefois baignés de couleurs vives une fois la nuit tombée, les plus anciens quartiers de Hong Kong se vident aujourd'hui de leurs enseignes lumineuses, désormais entassées à l'air libre en attendant, peut-être, de briller à nouveau un jour.

Invoquant des raisons de sécurité, le gouvernement de la métropole du sud de la Chine éteint peu à peu les néons des devantures, des objets indissociables du patrimoine local.

Leur disparition a déclenché une campagne de sauvetage conduite par l'organisation Tetra Neon Exchange (TNX) qui administre un site de stockage de ces enseignes.

"C'est vraiment bouleversant d'entendre le son du verre qui se brise", raconte à l'AFP Cardin Chan, membre de l'ONG.

Mme Chan dit se sentir investie d'une mission pour "sauvegarder" les panneaux lumineux, qui ne sont plus que 500 à continuer d'éclairer la ville, selon un comptage fait en 2022 par l'organisation.

Auparavant, ils étaient des milliers.

La dernière acquisition de TNX? Deux exemplaires d'une enseigne qui évoque une chauve-souris agrippant une pièce de monnaie, retirée de la boutique d'un prêteur sur gages dans le quartier populaire de Sham Shui Po (nord-ouest).

La nouvelle de leur retrait prochain s'était répandue sur les réseaux sociaux, poussant des dizaines d'admirateurs à immortaliser leurs derniers scintillements.

"Je serai très triste de voir les enseignes être enlevées. Ce sont de belles choses, avec des couleurs très chaudes et accueillantes", a confié Dan Ko, propriétaire de la boutique, la veille de leur décrochage.

"Cela fait partie intégrante de l'histoire visuelle de la ville."

- "Un musée vivant" -

De nombreux néons illuminaient jadis les façades des commerces jalonnant les rues de Hong Kong, signalant par leurs éclats verts, jaunes et rouges la disponibilité de tenues de mariage, bijoux, chambres d'hôtels ou encore de nouilles aux boulettes de poisson.

"Nos rues étaient autrefois un musée vivant", relate Mme Chan.

Le site de stockage à ciel ouvert de TNX renferme désormais un trésor où s'accumulent des enseignes aux motifs élaborés composés de caractères chinois, de diamants ou même de palmiers.

Retirer les panneaux lumineux constitue toutefois une démarche colossale et tous ne sont pas enlevés avec soin.

Grands de trois mètres sur deux, ceux de la boutique de M. Ko sont composés notamment de dizaines de tubes au néon fabriqués à la main.

Il a fallu plusieurs heures à un seul ouvrier pour retirer les lampes tout en gardant les composants électroniques intacts. Certains n'avaient pas été manipulés depuis leur installation, il y a plusieurs décennies.

L'objectif de Mme Chan: exposer un jour les enseignes dans une "structure du niveau d'un musée", à l'abri des intempéries. Mais "pour le moment, nous n'en avons pas les moyens", reconnaît-elle.

- "Double bonheur" -

Les lumières à l'extérieur de la boutique de prêteur sur gages de Sham Shui Po faisaient briller un caractère chinois complexe, celui du "double bonheur", caractéristique des différentes échoppes de M. Ko. Un détail qui avait attiré l'attention de Mme Chan.

Elle avait fini par convaincre M. Ko de confier ses néons à l'organisation de sauvegarde du patrimoine afin d'éviter leur disparition.

"C'était triste pour moi de voir les enseignes être retirées (...) Mais je pense qu'en tant que protecteurs du patrimoine, au moins, nous pouvions leur trouver un abri au lieu d'assister à leur destruction", estime Mme Chan.

Une enseigne "est une œuvre d'art. Ce n'est pas un bout de ferraille."

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