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RTL info : Vous avez publié un nouveau roman qui s'appelle "Beaucoup d'amour et quelques cendres". Comment commence le début de votre livre ?
Julien Sandrel : Cinq inconnus vont recevoir une mystérieuse lettre qui va les inviter à participer à une chasse au trésor en Californie. Chacun d'entre eux a une raison pour laquelle il va accepter de participer. Il y a par exemple Lucia, qui est une étudiante espagnole enceinte de quelques mois et qui se retrouve à la rue. Il y a un couple de retraités qui a toujours rêvé de partir en Californie, donc chacun a une raison pour y aller. Et quand ils se retrouvent en Californie, ils commencent cette chasse au trésor et très vite, il y a des détails qui vont commencer à dérailler. Ils vont se poser des questions sur les raisons pour lesquelles ils sont là en réalité.
Vos personnages ne sont pas des super héros, on arrive à facilement s'identifier. C'est ce que vous recherchez aussi dans vos livres ?
Je veux raconter la vraie vie, des gens. Donc effectivement, ce sont des vraies personnes qui reçoivent cette invitation et qui vont participer à quelque chose d'un peu extraordinaire. J'aime bien prendre des individus ordinaires, les plonger dans une situation exceptionnelle qui va faire que d'une façon ou d'une autre, ça va changer le cours de leur destin. C'est exactement ce qui se passe avec cette réunion d'inconnu dans cette histoire qui est assez hors du commun.
Dans les personnages, il y a Lucia, vous dites à propos d'elle : "Elle n'avait pas l'air de se rendre compte de sa capacité à sublimer la banalité". Est-ce que ce n'est pas également votre objectif ?
Alors, je ne sais pas si c'est mon objectif, mais en tout cas, si j'y parviens, c'est la cerise sur le gâteau. Parce qu'effectivement, moi, j'écris avant tout pour emporter le lecteur aussi, parfois pour exorciser certaines peurs, certaines angoisses que j'ai, et puis aussi pour me montrer le chemin. C'est vrai que j'aime bien prendre des individus qui sont un peu cabossés par la vie et qui vont suivre un chemin de rédemption ou de reconstruction et qui sont à la fin de l'histoire, à un endroit différent de là où ils étaient au début. Et un nouveau chemin s'offre à eux. Donc c'est le cas pour Lucia et c'est le cas, je l'espère aussi, pour les lecteurs.
La banalité, elle vous plaît ? Elle vous fait peur ? Vous vous voulez la fuir à tout prix à travers vos romans ? Ou alors vous vous la cueillez ?
Moi, je trouve qu'il n'y a pas vraiment de banalité. Par exemple, quand on parle d'extraordinaire, je trouve que chaque individu, à sa façon, est extraordinaire et que le fait d'être unique et singulier, ça rend chaque personne extraordinaire. Et moi, c'est un peu ce que j'essaie de montrer. C'est-à-dire que les personnes qui vont se rencontrer sont des individus en apparence ordinaires et surtout, chacun d'entre eux va avoir une opinion assez rapide sur les autres. Et en les découvrant, ils vont découvrir que justement, il y a d'autres choses à creuser et on est très loin de la banalité puisqu'il y a de la singularité.
Vous remerciez dans votre bouquin vos parents, Muriel et Serge. Vous dites "votre amour l'un pour l'autre, c'est beau, c'est inspirant. Ça méritait bien un roman". Vous dites dans votre livre des choses que vous n'arrivez pas à leur dire en face ?
Alors oui, il y a quand même pas mal de pudeur, je pense, dans ma famille qui fait qu'on n'a pas forcément toujours les mots pour trouver, pour dire les choses et pour dire l'amour. Et c'est vrai que les romans, c'est une façon d'exprimer cet amour-là. Moi, j'ai la chance d'avoir des parents qui s'aiment depuis plus de 50 ans, d'avoir eu des grands-parents aussi, qui se sont aimés quasiment 60 ans.
Et dans mes romans, je raconte souvent l'amour, mais je n'avais jamais raconté l'amour au long cours, l'amour au cours des décennies, qui résiste à plein de tempêtes diverses et variées. Et dans l'histoire d'Arsène et Joséphine, qui sont des personnages du roman, il y a cette dimension d'amour qui dure. Et dans une société où tout va très vite, y compris l'amour. Je trouve que raconter une histoire au long cours comme ça, c'est toujours intéressant.
Il y a la notion de pudeur dans les personnages de vos romans. Vous êtes aussi comme ça dans la vie ?
Alors oui, et d'ailleurs, c'est pour ça que je pense que j'ai besoin de créer des personnages de fiction. Parce qu'en fait, je pense que si je devais livrer moi même mes propres sentiments, ce serait compliqué. Et que le fait de créer ce paravent du personnage de fiction, ça me permet de me livrer plus et d'aller justement en profondeur dans les émotions.
C'est plus facile de dire, je t'aime ou d'écrire je t'aime ?
Je pense que c'est plus facile de l'écrire parce qu'effectivement, de le dire, il y a la réaction de la personne en face et c'est parfois pas si facile à assumer. Donc moi je préfère écrire. En tout cas, c'est toujours un exutoire intéressant l'écriture.
Comment avez-vous construit l'histoire de votre roman, "Beaucoup d'amour et quelques cendres" ?
J'avais comme intention initiale d'écrire un roman à la Agatha Christie. Alors, je sais qu'on est très loin d'Agatha Christie en termes d'atmosphère et j'espère parce que je voulais aussi ramener tout ça dans mon univers à moi, d'humain et d'émotions. Mais j'avais vraiment envie de construire un roman avec toute une première partie qui soit mystérieuse, où on se pose des questions avec les personnages et une deuxième partie qui soit vraiment dans le dénouement émotionnel et humaniste. Donc c'est l'intrigue en fait qui a préexisté et qui est arrivée en premier. Et les personnages sont venus nourrir l'intrigue. Mais parfois, c'est autre chose.
Il y a six ans, vous avez publié votre premier roman "La chambre des merveilles", qui s'est vendu à plus de 300.000 exemplaires, adapté au cinéma avec Alexandra Lamy. Vous avez su garder le cap sur l'écriture malgré le tourbillon que vous avez vécu ?
Je pense que le mot que j'ai le plus employé pour parler de "La chambre des merveilles", c'est le mot surréaliste. Parce qu'avant, j'avais une vie dans une entreprise et l'arrivée de "La chambre des merveilles" dans ma vie, finalement, ça fait qu'il y a eu un avant et un après dans ma vie professionnelle. Ça a été assez tourbillonnant et en même temps, ça se construit quand même sur plusieurs années. C'est-à-dire que le livre est sorti en 2018, le film en 2023, donc ce sont des choses qui arrivent au fur et à mesure. Je n'en finis plus d'être émerveillé par la carrière de ce roman. Et c'est vrai que j'ai vécu des moments formidables, notamment quand j'ai rencontré des spectateurs qui ont pu me livrer leurs émotions après avoir vu le film en direct, chose que je ne peux pas avoir avec les livres puisque forcément, il y a un différé.
Vous conseillez à ceux qui n'ont ni lu le livre ni vu le film, de commencer par quoi ?
Alors ça, c'est vraiment au choix de chacun. J'ai l'impression que les lecteurs préfèrent en général lire le livre et ensuite voir le film. Mais il y a des gens qui préfèrent aussi l'inverse. Donc il n'y a pas réellement de règles. D'autant que le film est un peu différent du livre. Les gens me disent qu'ils ont retrouvé les sensations et les émotions du livre, mais c'est un petit peu différent.
Et vous gardez l'envie de raconter d'autres histoires malgré ce succès et la pression des éditeurs et du public ?
Alors, il n'y a pas vraiment de pression. Honnêtement, j'ai la chance de faire ce dont j'ai toujours rêvé. Quand on me posait la question quand j'étais enfant de ce que je voulais faire plus tard, je répondais écrivain ou metteur en scène. Donc il se trouve qu'aujourd'hui, j'ai la chance de vivre de l'écriture depuis maintenant 2018. C'est un plaisir sans cesse renouvelé. Et moi, ce qui me passionne, c'est de me lancer justement des défis d'écriture. Je m'éclate toujours, et j'espère encore m'éclater de nombreuses années dans l'écriture.
Pourquoi avoir choisi un titre, inspiré d'une chanson française ?
C'est une chanson des Innocents qui s'appelle "Un homme extraordinaire". La raison, c'est simplement que ces paroles-là m'ont fait tilt quand je les ai entendues. Je cherchais un titre et je n'avais pas vraiment de titres qui convenaient parce qu'il y a beaucoup de choses qui se passent dans ce roman. Du coup, le titre est arrivé à la fin de l'écriture du roman. Et quand j'ai entendu ces quelques phrases, "un peu d'amour et quelques cendres", je me suis dit que c'était une belle façon d'indiquer au lecteur ce qui allait se passer dans le roman.