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En 2023 plus de 1.000 transplantations ont été réalisées en Belgique. Ce sont des interventions cruciales qui sauvent des vies mais elles ne sont pas sans risque et surtout, tout le monde n’y est pas éligible. Il y a par exemple des contre-indications médicales. Lors de « l’évaluation pré greffe, l’objectif est de voir si le patient est cliniquement transplantable, donc s’il ne présente pas de contre-indications à l’intervention et que l’état de santé global du patient permette effectivement des immunosuppresseurs au long cours et que le risque médical associé à la transplantation et au traitement ne soit pas trop élevé pour le patient », explique le professeur Karl Martin Wissing, chef du service de néphrologie à l’UZ Bruxelles, membre et ancien président de la société belge de transplantation. « Par exemple on ne va pas transplanter un patient qui a une infection active comme une tuberculose ou un patient atteint d’un cancer. »
Cette évaluation vise aussi à identifier des problèmes éventuels au niveau cardiaque, «qui sont très fréquents chez les patient»s. «Donc on fait un bilan cardiaque pour éviter que le patient soit à risque de faire par exemple un infarctus du myocarde pendant l’intervention. »
Plus de la moitié des patients en dialyse refusés
Annoncer à un patient qu’une greffe ne sera pas possible est « malheureusement » le lot de « la majorité des patients en dialyse».
L’âge médian des patients en dialyse en Belgique est de 75 ans, «ça veut dire que la moitié des patients est plus âgée de 75 ans et beaucoup de ces patients en dialyse ont déjà des complications médicales qui sont des contre-indications à la greffe », explique encore le Dr Wissing.
Durée d’attente moyenne pour un rein : 3 années
Quels sont les délais d’attente généralement entre le moment où on est éligible pour une greffe et le moment où l’organe est disponible ? « Pour la greffe rénale et pour un petit nombre de transplantations hépatiques, il y a différentes options. On peut transplanter avec un organe d’un donneur décédé, qui donne son corps à la science mais qui met ses organes à disposition, et puis des donneurs vivants. La transplantation de donneurs vivants est la source la plus fréquente de reins dans plusieurs pays, par exemple en Scandinavie, en Hollande et aux États-Unis. Plus que la moitié des transplantations se font avec des reins de donneurs vivants. En Belgique, on est encore loin de ces chiffres-là, donc c’est quelque chose qu’on doit développer. Si on attend un rein en provenance d’un donneur décédé, actuellement le temps d’attente est en moyenne de trois années. »
Et notre pays est parmi ceux du monde où le temps d’attente est le plus court ! « On a, en Belgique, un système de opting out, ça veut dire qu’il faut signaler a priori qu’on ne veut pas être donneur. Tout le monde est considéré a priori comme un donneur consentant. C’est une grande différence par rapport à d’autres pays, comme l’Allemagne, où il faut effectivement déclarer de son vivant qu’on veut être donneur. Le temps d’attente pour un rein en Allemagne, c’est sept ou huit années. C’est une réelle catastrophe. Il n’y a que l’Espagne qui fait mieux que la Belgique en Europe. »
Seul 1 à 2 % de rejets aigus
Enfin, concernant les chiffres des rejets, ils sont plutôt bons dans notre pays : « En transplantation rénale, mais c’est assez similaire pour d’autres organes, nous sommes maintenant dans une situation où il n’y a qu’à peu près 10 à 15 % des patients qui font un rejet au cours de la première année. Cela ne veut pas dire qu’on perd son rein ou son organe, parce qu’on peut traiter ces rejets. Les pertes de greffes par rejet aigus sont très rares actuellement, 1 ou 2 %. Le revers de la médaille, c’est la diminution du système immunitaire causé par ces médicaments qui est non spécifique. Cela veut dire qu’elle diminue aussi la capacité de l’organisme de se défendre contre d’autres infections bactériennes. L’art du suivi post-greffe, c’est de trouver un niveau d’immunosuppression qui permet au patient de garder son greffon en bon état sans rejet, mais qui ne soit pas trop intensif pour causer des infections à répétition. »


















