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Un incendie, ayant parcouru environ 1.000 hectares de végétation dans les Pyrénées-Orientales et franchi la frontière avec l'Espagne, a été maîtrisé dans la nuit de dimanche à lundi, après avoir été attisé par le vent dans cette zone touchée par une sécheresse historique.
"Il n'est pas éteint, mais il est maîtrisé aujourd'hui. Mais il faudra encore de nombreuses heures de travail pour les sapeurs-pompiers pour éviter tout risque de propagation", a déclaré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui s'est rendu sur place lundi matin.
Quelque 500 pompiers ont été mobilisés, appuyés par six avions bombardiers d'eau, sur cet incendie qui s'est déclaré dimanche matin sur les hauteurs des communes de Cerbère et de Banyuls-sur-Mer.
Le feu a été attisé par une forte tramontane, vent de nord-ouest qui soufflait à plus de 80km/h avec des rafales jusqu'à 100 km/h dans les reliefs.
Dans le même temps, des forces ont été déployées pour faire face à neuf autres départs de feu, comme à Argelès-sur-Mer où dix hectares ont brûlé avant que le sinistre soit maîtrisé en fin d'après-midi.
Près de Cerbère et Banyuls-sur-mer, l'incendie a "parcouru la végétation sur quasiment mille hectares, si on compte les 130 hectares qui ont été touchés du côté espagnol, car le feu a traversé la frontière", a précisé le ministre.
Les flammes se sont rapprochées des habitations à Cerbère, commune du littoral frontalière de l'Espagne, "jusque dans les jardins des propriétés", d'après Gérald Darmanin.
"C'est arrivé tellement vite, et avec le vent, pratiquement on tenait pas debout (...) Sincèrement on n'avait jamais connu ça", a déclaré à l'AFP un habitant Jean-Claude Portella, 76 ans, dont la maison a été endommagée, ainsi que celle de son fils.
Environ 300 personnes ont été évacuées dimanche après-midi par précaution. La plupart ont pu regagner leur domicile au cours de la soirée, selon la préfecture.
Le ministre a souligné que cette année, "la saison des feux commence tôt du fait du réchauffement climatique".
- "exceptionnel déficit de pluie" -
Il s'agit à ce jour du plus important incendie en France de l'année 2023. Il s'est déclenché dans un département particulièrement touché par l'absence de précipitations et la sécheresse des sols.
On a l'habitude d'observer des feux de forêts en hiver", rappelle Romaric Cinotti, référent feux de forêt à Météo-France joint par l'AFP. "Mais ce qui est particulièrement inquiétant dans les Pyrénées-Orientales, c'est l'exceptionnel déficit de pluie: à Cap Béar, la station la plus proche de l'incendie, il est tombé 230 mm sur l'année écoulée contre 626 mm en moyenne".
La sécheresse provoque déjà restrictions et tensions dans les Pyrénées-Orientales: quatre villages sont privés d'eau potable depuis vendredi alors que les agriculteurs, nombreux dans ce département producteur de fruits et légumes, craignent pour leur survie en ce début de printemps historiquement aride.
Face au fort risque d'incendies, le ministre a souligné que les pompiers pourraient cet été compter sur des moyens aériens accrus.
"Nous allons connaître un été 2023 extrêmement difficile, sans doute au moins aussi difficile que l'été 2022", prévoit M. Darmanin. "Ce qui est très impressionnant, c'est à la fois l'avancée dans le temps de la saison des feux et le fait que 50% des feux l'été dernier ont touché le nord de la Loire", a-t-il ajouté.
Les pompiers restaient mobilisés lundi dans les Pyrénées-Orientales pour s'assurer que l'incendie ne reprenne pas. "Nous devons à présent traiter l'ensemble des lisières qui constituent un périmètre de 15 kilomètres afin de passer le feu de fixé à éteint. Mais cela va nous prendre quelques jours", a précisé à l'AFP le colonel Eric Belgioïno, directeur des sapeurs-pompiers du département.