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Débarrassée des restrictions sanitaires, la Chine a enregistré au premier trimestre une nette accélération de sa croissance, selon des chiffres officiels publiés mardi, les premiers à évaluer un trimestre complet sans l'impact du zéro Covid.
Cette politique sanitaire draconienne, qui comprenait quarantaines obligatoires, confinements à répétitions, tests PCR et restrictions aux déplacements, a été levée début décembre.
Depuis sa mise en place en 2020, elle portait un rude coup à l'économie en raison du climat d'incertitude généré et des désagréments causés dans le quotidien des Chinois et des entreprises.
La fin des mesures a permis à l'activité de nettement repartir au premier trimestre: le produit intérieur brut (PIB) de la Chine a ainsi progressé sur un an de 4,5%, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS).
C'est la première fois depuis 2019 qu'un trimestre complet est évalué sans l'impact des restrictions sanitaires. Des analystes interrogés par l'AFP anticipaient une hausse plus modérée (3,8%), après 2,9% au quatrième trimestre 2022.
La croissance du géant asiatique est en hausse de 2,2% d'un trimestre à l'autre, selon le BNS.
Le chiffre officiel de la croissance en Chine, éminemment politique et sujet à caution, n'en reste pas moins toujours scruté de près compte tenu du poids de la deuxième économie mondiale.
- Rattrapage -
Les ventes au détail, principal indicateur de la consommation des ménages, ont confirmé leur reprise en mars (10,6% sur un an), leur rythme le plus rapide depuis juin 2021.
Elles avaient connu quatre mois de contraction fin 2022, avant de rebondir en janvier-février cumulés (3,5%).
"La consommation intérieure s'avère être un pilier de la reprise" au premier trimestre, relève l'analyste Ken Cheung, de la banque japonaise Mizuho.
Ces dernières semaines, les Chinois retournent dans les restaurants, recommencent à prendre le train ou l'avion, contribuant à relancer les services. Toutefois, la consommation "n'a pas encore retrouvé son niveau pré-pandémie", souligne Teeuwe Mevissen, analyste chez RaboBank.
La crise de l'immobilier, qui a fait perdre de la valeur à de nombreux biens, et des pertes de revenus dues à la pandémie expliquent en partie ce phénomène, selon M. Mevissen.
L'immobilier, qui représente avec la construction environ un quart du PIB de la Chine, est pour beaucoup de Chinois un investissement et un passage obligé avant le mariage. Le secteur est fragilisé par une faible demande, au moment où de nombreux promoteurs luttent pour leur survie dans un contexte de méfiance des acheteurs et de baisse des prix de la pierre.
La situation tend toutefois à s'améliorer partiellement grâce à un soutien des autorités, qui a permis une stabilisation des prix en mars, selon les derniers chiffres samedi du Bureau national des statistiques (BNS).
- Tensions et inflation -
De son côté, la production industrielle s'est affichée le mois dernier en hausse de 3,9% sur un an - inférieure aux attentes d'analystes de Bloomberg qui tablaient sur 4,4% - mais supérieure à janvier-février (3,5%).
Le taux de chômage s'est pour sa part établi à 5,3% en mars contre 5,6% un mois plus tôt. Mais il est resté particulièrement élevé le mois dernier chez les 16-24 ans (19,6%).
Quant à l'investissement en capital fixe, sa croissance depuis le début de l'année s'affichait fin mars à 5,1%.
La Chine vise "environ 5%" de croissance de son PIB cette année, un objectif qui pourrait être difficile à atteindre, a averti le Premier ministre chinois Li Qiang.
Les tensions géopolitiques avec les Etats-Unis, la menace de récession dans les principales économies et l'inflation au niveau mondial vont peser ces prochains mois sur la croissance de l'atelier du monde, préviennent des analystes.
Les experts interrogés par l'AFP tablent cette année sur une croissance en Chine de 5,3%, une estimation proche de celle du Fonds monétaire international (5,2%), qui mise sur la reprise chinoise pour donner un coup d'accélérateur à l'économie mondiale.
L'an dernier, le PIB du géant asiatique avait progressé de 3%, loin de l'objectif officiel de 5,5% et l'un des rythmes les plus faibles depuis quatre décennies.