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"Chercher les bons plans": les soldes d'hiver ont commencé mercredi dans un contexte d'inflation qui contraint certains budgets, même s'il peut être tentant de profiter des bonnes affaires lors d'une période toujours porteuse en termes de consommation.
Dans la boutique Zara du centre commercial Italie Deux à Paris, Jacques Fitoussi, 78 ans, explique à l'AFP avoir jeté son dévolu sur un pull soldé à -40 %. "Ce n’est pas à dédaigner", confie-t-il.
Pour autant, les soldes, qui s'achèveront le 7 février, sont loin d'être le seul rendez-vous pour bénéficier de prix en baisse.
"On a commencé deux semaines avant avec les ventes privées", explique à l'AFP mercredi Marie Lefer, responsable adjointe d'un magasin de vêtements Jules à Lyon. Certaines marques ont débuté ces promotions réservées aux clients identifiés dès le lendemain de Noël.
Avec la multiplication des ventes privées, "les soldes deviennent moins intéressants" pour Linda Ozenne, 41 ans, présente mercredi matin à Italie Deux. "On voit des remises à -20% ou -30% que l’on a toute l’année avec les démarques", affirme-t-elle.
"Les gens ne prennent plus de RTT pour les soldes, c’est fini ce temps-là", regrette Laurie Szulder, vendeuse dans la boutique de vêtements Forestland du centre Italie Deux, où les clients se faisaient encore peu nombreux mercredi matin.
C'est toute l'ambivalence de cette période encadrée des soldes, qui perd en importance chaque année face à la concurrence des promotions privées, mais reste un temps fort de la consommation.
Cécile Nury, directrice en charge notamment de la relation clients chez Relais Colis, observe que l'effet soldes "s'est ces dernières années un peu émoussé sur les volumes de colis" gérés par la société de livraison et qui restent "50% supérieurs à une journée normale". A titre de comparaison, les volumes lors de la période clé des fêtes de fin d'année, Black Friday inclus, sont plutôt deux fois plus importants que lors d'une journée normale.
Dans le centre parisien Italie Deux, Kasia Fleschel, 37 ans, est venue "chercher les bons plans", mais "l’objectif, c’est de ne pas trop se laisser tenter" dans une période où l'inflation réduit les budgets. "De plus en plus, je me lance sur les articles de seconde main", confie également Mme Fleschel.
Dans une boutique de vêtements du centre-ville de Lyon, Simon Scozzafave, kinésitérapeute de 24 ans, est déçu du niveau des promotions proposées. "C’est pas assez pour moi donc je reviendrai plus tard", avance-t-il.
- "Climat social fragile" -
Et pour le commerce physique? "Le contexte des soldes dépend de ce qu'on a fait pendant la saison", répond Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du Commerce, qui regroupe grands magasins et enseignes de l'habillement et de la chaussure. Octobre et novembre n'ont "pas été très bons" et "la période Black Friday n'a pas non plus été exceptionnelle".
"En revanche, le mois de décembre a été bon", poursuit-il, avec des ventes "supérieures de 11% par rapport à 2021 en magasins et de 4% en ligne", selon un panel d'une quarantaine d'enseignes représentatives du marché de l'habillement réalisé par l'Alliance du Commerce avec Retail Int. "On espère rester dans cette dynamique pour janvier, le début du mois semble bon pour le moment", selon lui.
Après des années perturbées par le Covid-19, les commerçants ont selon lui des "stocks raisonnables", et Yohann Petiot conseille plutôt aux clients de "venir dès le démarrage des soldes" pour "faire de bonnes affaires".
Mais avec l'inflation qui frappe les entreprises, les commerçants pourraient être tentés de faire des démarques moins importantes pour préserver leurs marges autant que possible.
Motif d'inquiétude selon M. Petiot, outre le "climat social fragile": "en janvier tombent un certain nombre de factures qui ont encore augmenté, la question se pose de savoir si les Français auront le pouvoir d'achat pour se faire plaisir" à l'occasion des soldes dans un contexte d'inflation toujours significative.