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En franchisant 128 magasins intégrés, la maison mère de Delhaize, le groupe Ahold, pourrait "à terme quintupler son bénéfice annuel", selon des estimations publiées jeudi par les syndicats. Cet objectif serait réalisé par "la baisse progressive des conditions de travail mais surtout par une réduction drastique de l'emploi", estimée à environ 6.500 postes (sur un peu plus de 10.000) dans les supermarchés. "Les travailleurs et travailleuses qui refusent catégoriquement ce plan en ont donc parfaitement compris les enjeux", avertissent conjointement le Setca, la CNE et la CGSLB.
Dans une étude, les syndicats ont calculé le gain attendu par le groupe en partant du principe que via le jeu de la concurrence, d'ici quelques années, les gérants indépendants devront aligner les conditions de travail et d'organisation sur les AD Delhaize existants, d'une taille équivalente aux magasins intégrés.
Les 128 magasins intégrés, qui couvrent une "superficie variant entre 1.800 et 2.000 mètres carrés, occupent généralement 70 ETP" (équivalents temps-plein, NDLR), estiment les représentants syndicaux. "Pour adapter sa structure à celle du marché, l'indépendant qui reprendra un intégré devra drastiquement diminuer le personnel. Les gérants actuels ainsi que des fonctions comme les bouchers actuels sont eux aussi remplacés par des indépendants", expliquent-ils.
"Si on prend 25 ETP par magasin comme hypothèse, cela signifierait que seuls 3.200 ETP sur 8.999 resteraient à terme, autrement dit une réduction de personnel de 64,4%", détaille le banc syndical. Quelque 6.500 emplois (sur les quelque 10.000 personnes qui travaillent dans les supermarchés) disparaitraient à terme des supermarchés intégrés. Cette diminution des effectifs rapporterait 225,76 millions par an à Delhaize, précisent les organisations syndicales.
D'après les résultats de cette étude, à chiffre d'affaires constant, le réseau Delhaize augmenterait son bénéfice de 2021 de "441% en coupant dans les frais de personnel via la franchise", chiffrent les syndicats.