Partager:
Cela fait 40 ans que l’enseigne Trafic est présente en Wallonie. Précurseur des produits à bas prix, la société a su résister à la concurrence et se grandir pour devenir un succès à la belge. Avec un chiffre régulier autour de 300 millions d’euros, le groupe est un acteur important du tissu économique wallon.
Il suffit parfois d’ouvrir une simple porte pour réaliser la croissance d’une société. "Ici, on est dans ce que l’on appelle la zone de préparation aux magasins. Donc, on va retrouver à chaque fois une palette par magasin", explique Nicolas Marchand, directeur général de Trafic.
Cet entrepôt de 70 000 m2 équivaut à 7 terrains de football. Une fourmilière qui alimente les 80 magasins Trafic présents en Wallonie. L’enseigne connait un chiffre d’affaires constant qui varie autour de 300 millions d’euros. Sa spécialité est de proposer des produits pas chers qui couvrent presque tous les besoins des consommateurs."Ici, on est sur le magasin de Ciney. On est en train de lui préparer les produits de saison, des plaids, un aspirateur à cendres, des petites pompes pour faire une vidange, des radiateurs électriques pour le magasin de Jemeppe-sur-Sambre. On a aussi des rideaux ici pour le magasin de Hyon. Chaque magasin va vraiment avoir son petit quota personnalisé en fonction de son potentiel de ventes, des stocks encore disponibles et tout ça va partir dans la journée", indique Nicolas Marchand.
300 000 palettes sont préparées et livrées chaque année. L’enjeu est de bien gérer les stocks. "Chaque campagne a un objectif d’écoulement, de 70 à 80% du stock initial et quand la campagne est finie, le magasin remballe tout ça et on vient le stocker ici à l’entrepôt jusqu’à l’année suivante", explique le directeur général.
Un nom créé suite à un embouteillage
Cela fait 40 ans que Trafic est présent dans le paysage wallon. Un nom créé suite à un embouteillage alors que les fondateurs sont de retour des Etats-Unis. "C’est l’histoire de deux frères Michel et André qui à la suite d’un voyage aux Etats-Unis décident d’ouvrir des magasins bazar pas chers en Belgique", raconte Nicolas Marchand.
Si les dépliants ont évolué avec le temps, la recette n’a pas changé. "Ce qui reste à travers tout, c’est la mise en avant produit. On voit le produit et on voit le prix. C’est vraiment les deux choses les plus frappantes qui restent à travers le temps", montre le directeur général.
Situé à Heppignies, près de Charleroi, la société qui emploie 1100 salariés développe une culture locale et familiale. Cela fait 27 ans que Claude Servais grandit au sein de cette entreprise. Il est aujourd’hui responsable de la stratégie commerciale. "Alors, je ne suis pas là depuis 40 ans, mais effectivement l’esprit reste toujours très familial par rapport à d’autres enseignes et tous les gens qui partent de chez Trafic ils ont quand même un attachement très fort", assure-t-il.
La production textile réalisée en Asie: comment éviter les abus sur place ?
Ce qui fait la particularité de l’enseigne bon marché sur ses concurrents, c’est son département design. Les vêtements sont créés ici en fonction des tendances puis produits en Asie. "En Belgique, le prix de la main d’œuvre pour de la production est juste impayable. Je pense que personne ne produit du textile en Belgique", confie le directeur général.
Le principal pays de production est le Bangladesh. Reste la question de savoir comment le discounter contrôle le travail sur place pour éviter les abus. "Il y a toujours des cahiers des charges. Donc on travaille avec des fournisseurs qui sont fiables et qui sont certifiés. Puis on y ajoute des contrôles qualité qui sont soit réalisés par nous-mêmes de temps en temps, soit réalisés par des prestataires spécialisés dans les contrôles qualité qui sont mandatés par nous ou par d’autres partenaires pour vérifier que toutes les normes sont bien respectées", assure Nicolas Marchand.
Daniela est modéliste. Elle s’assure que cette veste est conforme aux critères demandés. "Je vérifie toujours que la doublure est ok, s’il n’y a pas de malfaçons, si la veste est bien solide", énumère Daniela Da Poian.
La force de Trafic, c’est d’être un magasin wallon pour les Wallons
A quelques mètres de là, se trouve la zone de contrôle où arrivent les 50 000 références qui alimentent les magasins. Avec 60 millions d’articles vendus par an, Trafic a su fidéliser sa clientèle dans un marché très compétitif. "La force de Trafic, c’est d’être un magasin wallon pour les Wallons. Donc, cela veut dire que Trafic connait parfaitement le consommateur wallon, mais l’inconvénient de cette stratégie, c’est que sa croissance reste limitée au territoire wallon. Et donc n’offrira pas ces croissances exponentielles que connaissent ses concurrents, Action, Zeeman ou même Primark", indique Pierre-Alexandre Billiet, économiste et spécialiste de la consommation.
En 2016, l’entreprise ouvre son capital au français GIFI. En 2018, elle achète une marque flamande de jouet. Signe d’une volonté d’expansion au-delà des frontières wallonnes.